dimanche 18 janvier 2009

" Mémoires d'un mort, le voyage sans retour d'Aimé Bonpland", "Exergues mortuaires et scripturaires", Eric Courthès, illustration de Laure Joyeux




MEMOIRES D’UN MORT :
LE VOYAGE SANS RETOUR D’AIME BONPLAND, EXPLORATEUR ROCHELAIS






Roman

Eric Courthès

















































MEMOIRES D’UN MORT : LE VOYAGE SANS RETOUR D’AIME BONPLAND, EXPLORATEUR ROCHELAIS









EXERGUES
MORTUAIRES
ET SCRIPTURAIRES

« Quand on ne peut déjà plus rien faire, on écrit. C’est la seule façon de se prouver qu’on existe encore dans la fixité mortuaire de la mort. », Augusto Roa Bastos, Métaphorismes, (Moi le suprême ), Paris, L’Harmattan, 2008, (1996).
« On n’a jamais su si la vie c’est ce que l’on vit ou ce que l’on meurt. La seule chose qui est sûre c’est qu’on ne vit pas une autre vie que celle qui nous tue. », ibid., (Moi le suprême).
« Jusqu’à la mort tout n’est que vie.», ibid., (Madame Sui)
« Nous mourons tous avant que notre vie s’achève. Certains meurent même deux fois. », ibid., (Moi le suprême).

« Seul le semblable peut écrire sur le semblable. Seuls les morts peuvent écrire sur les morts. Mais les morts sont très faibles. », ibid., (Moi le suprême).

« Le mort a beau être bien mort, il souffre toujours et partout, sous le poids de la terre et de l’oubli qui le recouvrent. », ibid., (Moi le suprême).

« Les gens réunis autour du cadavre étaient ébaubis, comme s’ils avaient été au bord de quelque chose qui n’était pas encore survenu. », ibid, (Moi le suprême).

« À force de mourir autant, les personnages des livres atteignent une espèce de relative immortalité. », Augusto Roa Bastos, ibid., (Le Procureur).

« Sa non vie a un siècle. Mais il est plus vivant que moi. Il n’est pas encore né. Il n’espère rien, il n’attend rien. Il est plus vivant que moi. N’est-ce pas don Amadeo ! N’est-ce pas, c’est vous qui maintenant me permettez de partir ! Vous me laissez partir, libéré du poids excessif de l’amour de soi-même, qui est la meilleure façon de haïr en un seul être tous les autres.», Augusto Roa Bastos, Yo el supremo, Madrid, Cátedra, 1987, (1974).
« Don Amadeo fut toujours homme à se trouver en plusieurs endroits à la fois. Ce qui fut une façon pour lui d’avoir plusieurs vies . Certains le voient au Levant, d’autres au Ponant. D’aucuns assurent l’avoir vu dans les Septentrions, d’autres encore au Midi. Il semblerait qu’il y en ait plusieurs, distincts et distants, mais ils sont un seul et unique homme. », Augusto Roa Bastos, ibid.
« Après avoir vécu de nombreuses existences, ma vie recommence. », « Otra esquina », du C.D. : « Dos », du groupe « Otros Aires », paroles et musiques de M. Di Genova, Unión de Músicos Independientes, Buenos Aires, 2007.
« Il n’y a que le commencement et ce qui précéda le commencement. », Augusto Roa Bastos, Moriencia, Cuentos completos, Asunción, El Lector, 2003, (1969).
« La mort passe vite Ramón mais c’est ce qui vient ensuite qui est insupportable….Personne ne peut se cacher face à la mort. », Cándida à Ramón, (Gorgina Genes à Ramón del Río), Hamaca paraguaya, de Paz Encina, Paraguay, 2006.
« Moi aussi je suis mort à ce moment là. », Javier Sampedro, (Javier Bardem), Mar adentro, d’Alejandro Amenábar, Espagne, 2004
« Ma vie me sied mal; ma mort m’ira peut-être mieux. », Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, préface testamentaire de 1833.
« La mort c’est une langue contre laquelle on est né. / Bien que jamais personne ne puisse me l’enseigner, /je ne veux pas arriver à la fin privé de parole. /En la nommant, on renonce et on triomphe en même temps.», Andrés Neuman, El tobogán.
« Non, rien de rien, non, je ne regrette rien, car ma vie, car mes joies, aujourd’hui ça commence avec toi. », Edith Piaf, « Non, je ne regrette rien », paroles de Michel Vaucaire, musique de René Dumont, 1960.
« Je crois à la force des esprits, je ne vous quitterai pas. », François Mitterrand
« On n’invente jamais rien, si ce n’est de minuscules variations de ce qui a déjà été dit, écrit, lu et oublié.», Augusto Roa Bastos, Métaphorismes, (Moi le suprême).
« Ce que nous imaginons existe. », Alberto Monteagudo, « El arca de Humboldt y Bonpland.”, http://mipagina.cantv.net/integrate/relato9.htm
« Dans ce non-voir, à force de tant vouloir voir, il désirait ardemment que tout ce qu’il imaginait soit un mensonge, et que ce qu’il était en train d’écrire détruise ce qu’il avait imaginé. », Augusto Roa Bastos, Métaphorismes, (Le procureur).

« En tant qu’écrivain, on a toujours tendance à faire durer le plaisir, et la littérature cherche en fait à créer des organismes vivants, même à l’intérieur de la lettre morte de l’écriture. », Augusto Roa Bastos, interview d’Ana Ribeiro, Asunción, 1998

« Eric écrit. », Elixène Courthès

« J’écris, pour oublier que dans ma vie, je suis déjà mort. », l’auteur.

« Mon Amadis de Gaula, mon mort à moi, m’a rendu la vie. » l’auteur.

« Dans l’écriture de la mort de l’Autre, dans son égo réincarné, j’ai aimé, voyagé et recherché par procuration, mais j’ai fui aussi les sournois solipsismes de la solitude et fait taire du même coup tous mes détract-auteurs. », l’Usurp-Auteur.
« La plupart des vivants sont morts, pourquoi ne serais-je pas vivant ? », mon Bonpland.

« Il est nécessaire de vivre moins, moi je suis déjà mort des pieds à la tête. (…) Mais la vie et la mort entrent dans nos existences, que cela nous plaise ou non ; tu les chasses par la porte et elles rentrent à nouveau par les fenêtres. », Alejandro Maciel, Culpa de los muertos, Barcelona, Ediciones Rubeo, 2008

« C’est seulement là où il y a des tombes que la résurrection est possible. », Augusto Roa Bastos, Métaphorismes, (Le procureur).

« Un jour j’ai payé de ma poche tes funérailles, pour le repos de ton âme, alors tu m’entends, tu es mort. », Bigas Luna, Son de mar, 2001

« Une fois la fin de tout surpassée, il fallait que je continue jusqu’à la dernière suppuration de la volonté. », Augusto Roa Bastos, Métaphorismes, (A contrevie).

« Les morts toutes ensemble/ veillaient encore sur sa vie:/ la botte de sept lieues de la pluie pérenne;/ l’univers bleuté des orchidées/ et l’air puissant des enfers verts./, Hérib Campos Cervera, « Responso », Poesías completas y otros textos, Asunción, El Lector, 1996, (1947).
« Il y a un Comté de Humboldt dans le Iowa…une Baie Humboldt au Canadá…Il y aussi un courant qui porte son nom… Le monde a en revanche pour moi le langage de la mort. Dieu ne me parla point depuis le buisson ardent. Je ne fus jamais possédé par l’Autre. Les miroirs ne se multiplièrent pas pour moi. », Humboldt y Bonpland, taxidermistas. Tragicomedia con naturalistas en dos actos. », Ibsen Martínez, 1981

« Trois heures de l'après-midi. Toujours avec le prétexte de faire une réparation, nous avons réussi à nous glisser sur la terrasse ave Muleque. C'est hallucinant. Elles sont toujours là en bas, impavides, éblouies, sur ce bout de terre n'appartenant à personne, imprégnée de mort, aveuglante et sombre à la fois; là et partout ailleurs où elles se sont réunies répondant à l'impulsion d'une espèce de confabulation qui s'est propagée comme une onde magnétique. (… ) - Nous devons transmettre…la nouvelle…les derniers mots se confondirent avec les ultimes gargouillements d'un mort. », Augusto Roa Bastos, « La rébellion des femmes », El baldío, 1967, (1960).

« Le tonnerre tombe et reste entre les feuilles. Les animaux mangent les feuilles et deviennent violents. Les hommes mangent les animaux et deviennent violents. La terre mange les hommes et commence à rugir comme le tonnerre. », Augusto Roa Bastos, El trueno entre las hojas, 1959, (1953), exergue tiré d’une légende aborigène.
« On n’y peut rien, la mort se fait déjà sentir Ramón… », Hamaca paraguaya.
« D’autre part, nombre d’activités humaines et l’essence même de l’homme, ont à voir avec sa fréquente volonté de dépasser les limites imposées par la mort ; l’homme est le seul être qui a toujours rêvé d’être immortel. », Etología humana, Animalidad versus Humanidad del Hombre », Carlos Benjamín Serrano, Corrientes, 2008
« La mort rend pathétiques les hommes et leur donne de la beauté. Ils nous émeuvent de par leur condition de fantômes. », El inmortal, Jorge Luis Borges, en Etología humana.
« Ce qui distingue l’homme des autres animaux c’est qu’il conserve, d’une façon ou d’une autre, ses morts sans les confier à la négligence de sa mère, la terre toute puissante ; la pauvre conscience fuit son propre anéantissement et tel un esprit animal, se projetant de la matrice du monde, il se voit face à lui, et il se connaît en tant qu’être distinct de celui-ci, il désirera nécessairement une autre vie que celle du monde lui-même. », El sentimiento trágico de la vida, Miguel de Unamuno, en Etología humana.



« Qu’est-ce que le cerveau humain si ce n’est un immense palimpseste naturel? Mon cerveau est un palimpseste mais aussi le tien, lecteur. D’innombrables couches d’idées et de sentiments y ont pénétré successivement aussi doucement que la lumière. On aurait dit que chacune des couches enterrait la précédente. Mais aucune en réalité n’avait péri. », Suspiria de profundis, Thomas de Quincey, en Palimpsestomias, Carolina Orlando, non édité à ce jour.
« On me demande pourquoi je vis encore. C’est ce que je demandais à Lía mais les questions sur la vie et la mort ne sont ni vraies ni fausses : elles sont impropres, disait Hume. (…) Nous ne sommes jamais assez près de la vérité, Agop, mais nous n’en sommes jamais assez loin non plus. Nous sommes ce que nous faisons et je n’aime à aucun temps verbal ; je ne hais pas non plus, presque tout m’est indifférent depuis que j’ai vu la mort en face. (…) Elle cherchera sa propre fin parce que la mienne est déjà arrivée. Mais avant de m’en aller pour toujours, je vis cette agonie d’idées. », Culpa de los muertos, Alejandro Maciel, Barcelona, Rubeo, 2008.
« J’écris afin de me convaincre que je suis encore vivant. Mais croyez bien cher personnage que malgré tout il m’en coûte. », Culpa de los muertos.
« Quand le tabou du sexe s’écroula, l’Occident lucide découvrit qu’il lui restait un tabou beaucoup plus intrigant et douloureux, la mort c’est un géant comparé au sexe. Non seulement on ne nous enseigne pas à vivre mais on ne nous apprend pas non plus à mourir, mon chéri. », Culpa de los muertos.
« Ah mon vieux, si tu savais à quel point l’amour est faible face à la mort ! C’est une feuille sèche au milieu d’une tempête. », Culpa de los muertos.
« La peur de la mort fut à l’origine de toutes les religions de la terre (…) Nous nous accrochons désespérément au fil de la vie et à la suite d’une néfaste confusion nous croyons que la clé de l’existence se trouve dans le moi, dans le moi nous nous adorons, nous nous vénérons et nous écrivons parce qu’au fond nous croyons qu’en laissant un témoignage nous continuerons à exister au-delà de la mort physique. Mais nul ne meurt plus ou moins, vaincre la mort au moyen de l’égoïsme, c’est un mirage cher auteur. », Culpa de los muertos.
« Et tout ça pour arriver à obtenir un peu de réconfort sur ce champ de bataille où s’affrontent des armées alors que les véritables belligérants sont la vie et la mort. », « La bengala », en En ese laberinto llamado ciudad, José Perez Reyes, Bogotá, Andrés Bello, 2004.
« Sans mon travail je ne vivrais pas mais sans l’écriture je mourrais. », En ese laberinto llamado ciudad.
« « Joe Slater est mort. », me dit la voix terrifiante qui me parvenait par-delà le mur du sommeil. », Par delà le mur du sommeil, Howard Phillips Lovecraft, Paris, Denoël, 1956.
« - Espèce de crétin, Warren est mort ! », Démons et merveilles, H.P. Lovecraft, Paris, 10/18, 1973.
« On ne sait jamais quand on naît : l’accouchement est une simple convention. Ils sont nombreux ceux qui meurent sans être nés ; d’autres naissent à peine, d’autres encore naissent très mal, comme des avortés. Quelques uns cependant, de par des naissances successives, passent de vie en vie, et si la mort ne venait pas les interrompre, ils seraient capables d’épuiser la pièce montée des mondes possibles, à force de naître et de renaître, comme s’ils avaient en leur possession une réserve inépuisable d’innocence et d’abandon. », El entenado, Juan José Saer, Buenos Aires, Seix Barral, 2008, (1983).
« L’Amour Libre a laissé place au harcèlement moral et sexuel, la Vie à la Mort, la Séduction et l’Amitié, à la solitude létale de l’Ecriture… », l’usurp-auteur.
« Aucune vie humaine n’est plus longue que les quelques secondes qui précèdent la mort. », El entenado, Juan José Saer.
« L’homme est le seul être du règne animal capable de transcender son enveloppe mortelle : je dirais en substance que c’est justement cette capacité à se transcender lui-même qui en fait un homme. », El solitario de Santa Ana, Luis Gasulla, Buenos Aires, Rueda, 1978.
« Si je n’avais que cinq minutes à vivre, ces cinq minutes me seraient infiniment plus précieuses que toutes celles de mon passé. […] La mort n’est pas le sommeil éternel, c’est le début de l’immortalité. », Le pêcheur d’orchidées, Philippe Foucault, Paris, Seghers, « Etonnants voyageurs », 1990.
« Ecoutez le chahut qu’il me fait, comme si tout mon passé défilait. », Edith Piaf, « Padam…Padam », paroles d’Henri Contet et musique de Norbert Glanzberg, 1951.
« L’homme libre des marais, dans vos mémoires je resterai. », mon Bonpland.
« Le printemps riait au dessus des tombes, chantait dans les gosiers des oiseaux, flambait dans les bourgeons, il proclamait entre les croix et les épitaphes son incrédulité jubilatoire au sujet de la mort. Et il n’y avait ni larmes dans nos yeux ni même une ombre dans nos cœurs, car en ce simple cercueil (quatre planches fragiles) nous avions l’impression de porter, non pas les lourdes chairs d’un homme mort, mais bel et bien la matière légère d’un poème achevé. », Adán Buenosayres, « Prologue indispensable », Leopoldo Marechal, 1968, (1948).

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