dimanche 23 juillet 2017

La bête des diagonales1 de Néstor Ponce : un lent et ludique dévoilement des signes et de l'intrigue, Éric Courthès

La bête des diagonales1 de Néstor Ponce : un lent et ludique dévoilement des signes et de l'intrigue
Selon Heidegger, l’œuvre d’art laisse apparaître la vérité2 comme un dévoilement, telle une lente accession à l’essence de l’être : « L’art est la mise en œuvre de la vérité . » A l’opposé des diagonales de sa ville natale : La Plata3 , qui, selon les ingénieurs servent à « réduire les distances4 », Néstor Ponce, dans ce suprême roman policier, se plaît en effet à une sorte de procrastination positive, en repoussant sans cesse le temps de la vérité et les limites de l’intrigue. Il suffit pour s’en convaincre d’essayer au départ d’identifier le « je » du narrateur, anonyme dans les premières pages, et qui se répète de nombreuses fois avant d’atteindre un « nous » à la page 15 : « Nous, les artistes, nous communiquons dans une langue de sourds, mais avec Roca cela s’annonçait difficile. » Un peu plus loin, à la page 22, il est qualifié par le commissaire Roca de « cet oiseau-là », on comprend donc d’emblée que ce personnage est un peu bizarre, et qu’il est le secrétaire du ministre Fajardo, chargé par celui-ci d’élucider les mystères de l’affaire de « la bête des diagonales » : un serial killer qui fait trembler toute la ville depuis des mois, en assassinant trois femmes et une jeune fille de suite. Mais en fait, sa véritable identité n’apparaît que bien plus tard, lors d’un dialogue avec Roca, dans lequel celui-ci le nomme enfin : « - Mais vous êtes en train de me dire que l’assassin est un fou, monsieur Bernal5 ! », ce qui en dit long sur les capacités narratives de Néstor Ponce à maintenir en haleine un lecteur par trop pressé d’identifier les voix narratives… Ce lent dévoilement du « je » va de pair avec celui du double, de l’autre : Rébora, un « narrateur boîteux», avec lequel le narrateur dialogue dans Hijos Nuestros6 , double intertextuel7 de l’auteur, qui fut lui-même journaliste au début de sa vie. Ses occurrences dans le texte qui nous occupe sont fort nombreuses, elles semblent ponctuer la narration, de la page 50 à la page 189, sans compter son dévoilement final dans le lexique des noms propres, à la page 202 : « Rébora, Juan Carlos. Le personnage de La bête des diagonales est fictif et n’a pas de rapport avec Juan Carlos Rébora qui fut jurisconsulte et homme public. Président de l’Université de La Plata. Vice-président du conseil national d’Education et ambassadeur d’Argentine en France. » Peu à peu son profil se dessine dans l’œuvre, d’une simple mention de son journal El Día au départ, à la page 50, on passe à une citation du dit journaliste qui fonctionne comme une métadiégèse, au style ampoulée, qui ne fait que confirmer son statut de narrateur raté : « J’ai parcouru tout le corso et je n’ai pas vu un seul front plissé par le souci du lendemain. Le peuple s’est spontanément jeté dans les rues en une vague colossale mais tranquille. Sa rumeur n’est pas sinistre, comme celle des tempêtes… » Puis l’accent est mis sur la mauvaise qualité de ses articles, qualifiés de « saloperies » à la page 110 par Roca, qui sèment « le trouble » à la page 116, et l’ « agitation », à la page 121, dans la population. Il est ensuite traité de « bobardier » et de « pisse-copie » par le narrateur Bernal, à la page 122, et même d’« ordure » et de « fétide chroniqueur de Chascomús », à la page 158. Et pour finir, en passant au rang de personnage qui se déguise « tout seul en femme », pour servir d’appât à la bête, à la page 151, le lecteur finit par s’interroger sur sa santé mentale… On ne peut s’empêcher aussi de penser immanquablement au mot rémora8 , qui désigne le fameux poisson pilote des requins, et Rébora serait donc un narrateur et un personnage annexe, collé à l’auteur et au narrateur par une ventouse textuelle, dépendant totalement de celui-ci mais dont il se passerait bien… Celui-ci non seulement renvoie à son passé de journaliste mais aussi à une volonté burlesque d’en faire un personnage ridicule, et un auteur raté, non dénuée d’autodérision… Les jeux onomastiques sont tout aussi euphoniques, on peut ainsi trouver la série : Roca-Rochas-Rosas, le commissaire de police chargé de l’enquête, le créateur de la ville de La Plata, et le célèbre dictateur argentin du XIX ème siècle, successivement, qui m’a fait penser sans hésiter au style de Jorge Luis Borges ou d’Adolfo Bioy Casares, friand aussi de ce genre de combinaisons euphoniques, en particulier dans Plan de evasión9 . Pour finir, et ceci sans dévoiler ni le dénouement final -ni trop anticiper sur la fin de notre article- qui se fonde sur trois hypothèses pour découvrir l’assassin, on ne peut que remarquer là encore une certaine analogie des signifiants entre Bernal et Bestia… Les jeux paratextuels sont tout aussi intéressants, on remarque de nombreux titres de chapitres tirés de paroles ou de titres de tango, et même d’un film de Buñuel: « Cet obscur désir de l’objet10 », avec en ce cas l’inversion des mots désir et objet : « Ese oscuro objeto del deseo », qui fait écho à un chapitre antérieur : « Désir des saisons11 » . On se trouve donc face à une véritable poétique des signes, incorporant des jeux avec le « je », avec l’autre, avec les patronymes, avec les titres, car de fait, l’auteur joue avec les signes. Tout comme le narrateur et enquêteur fort intuitif Bernal, qui a des velléités de sémiologue, et les pourchasse avec véhémence, dans sa quête qui semble désespérée du coupable, au début de l’œuvre : « Des signes encore des signes », à la page 49, « …je crois discerner là un nouveau signe. », p. 50, « des intuitions, des signes qu’elle n’arrivait pas à filer jusqu’au bout. », p. 52 , « C’est pas un signe, ça ? », p. 53, « Les signes s’emboîtent les uns dans les autres et rien n’est le fruit du hasard, », p. 59 ; on pourra trouver encore trois autres occurrences à ce sujet de la page 63 à la page 65. Cet idée de l’emboîtement des signes suggérée par Bernal atteint son paroxysme dans des fusions de signifiants fort romantiques et poétiques12 , que le peintre Emilio, l’un des trois suspects, dédie à sa bien-aimée : la belle et jeune modèle Lola13 , à la page 100: « -Lolamour, lobe-bleu Moraimée. », « -Moramour, louve à la bouche tachée. », « -Oui, Lolazur, tachadagio » ; il y en a encore quelques beaux exemples aux pages 105, 126, 127 et 130. De plus, dans cette narration urbaine où la ville de La Plata prend des allures de protagoniste, s’inscrivant ainsi dans une grande lignée argentine -dans laquelle on pourrait citer Leopoldo Marechal, Roberto Arlt, Jorge Luis Borges, ou encore Adolfo Bioy Casares- Bernal, le détective limier trace des lignes à la Paul Auster dans Cités de verre, afin de tâcher d’interpréter les desseins cachés de la bête à travers ses déplacements : « -J’ai même étudié la localisation géographique des différentes attaques, cherchant quelque tracé cabalistique, quelque dessin invisible. Là non plus je n’ai rien vu, reprit Bernal14 . » Le plan de la fondation de la ville apparaît même à la page 36, avec ses belles diagonales, aves lesquelles la bête semble flirter en dehors de toute logique, à la Rébora.. Alors on comprend que le narrateur, détective sauvage en apparence, est aussi un sémiologue, que tout fait signe et sens pour lui, que, tout comme Rébora, malgré ses apparences bestiales, son apparent désordre cache un ordre sous-jacent, et que tout l’oppose à Roca, le détective de l’ordre établi, de la logique qui ne souffre aucune déviation du sens… Et tout s’achève dans un sublime dénouement, où tous les signes convergent vers le lent dévoilement de la bête. Le lecteur, pris dans la fable, soupçonne tout d’abord le peintre raté Emilio, quand à la page 175, Bernal se fait « interprète du délire » de Nene Szelagowski : « Nene, tu ne peux pas garder pour toi tout ça. Vas-y et préviens, franchement : « la Bête des Diagonales c’est ce peintre. » Mais on a à peine le temps d’accroire cette hypothèse quand à la page 182, Roca découvre dans le bureau de Bernal un « flacon de vinaigre d’alcool qui conservait décoloré, laiteux, le rein de Catherine Eddowes », l’une des victimes de Jack l’Éventreur, ce qui lui permet à la page suivante de signifier à Bernal sa supposée culpabilité : « J’ignore à quand remonte le début de vos activités criminelles, Bernal, mais ce qui est sûr, c’est que la folie meurtrière vous a foudroyé comme une évidence à Londres. » L’exécution de celui-ci par Bernal, par ajout de cyanure dans son flacon d’anis, ne tardera plus alors, et conduira notre détective sauvage et sémiologue tout droit chez le ministre Fajardo, afin d’y dénoncer sa victime, à la page 187 : « Monsieur le ministre, le commissaire et l’assassin ne sont qu’une seule et même personne. » On constate alors les talents de manipulateur de Bernal, mais aussi de narrateur, car à la lumière de sa supposée culpabilité, on se rend compte que le récit de la mort de Rocha a été monté de toutes pièces, et avec un peu de recul, on se dit que toutes ses narrations ont été peut- être été aussi des machinations, des scénarios inventés de toutes pièces pour détourner les enquêteurs et le lecteur de la véritable bête… Mais un dernier indice, un dernier signe se dévoile à la toute fin du livre, Bernal dans son faux témoignage sur Rocha nous révèle que celui-ci avait la sensation « d’avoir les pieds gelés », au moment de ses supposés forfaits, et Bernal au moment de quitter précipitamment la ville, a aussi « les pieds gelés ». Ce qui nous amène à penser que dans toutes ses fables, dans tout ce mentir vrai de la fiction, qu’il prend largement en main tout au long du roman, en faisant aussi en ce sens office d’auteur15 , ce fut peut-être le seul moment où il avait dit la Vérité, fondement de l’Art, selon Heidegger… Éric Courthès 1 Ponce, Néstor, Marseille : André Dimanche Editeur, 2006 ; Buenos Aires : Ediciones Simurg, 1999, http://www.rue-des-livres.com/livre/2869161484/la_bete_des_diagonales.html

samedi 20 mai 2017

NO SE PUEDE QUERER A LA KARINA...

NO SE PUEDE QUERER A LA KARINA La Karina fue la última criada de Augusto Roa Bastos, el genial escritor paraguayo cuya extraña textualidad rebasa los habituales límites del texto, y le hace franquear todos los umbrales posibles al lector, hasta que desemboque en lo que están leyendo: un texto derivado del suyo, un exotexto roabastiano… Un día, la vi de cerca a la Karina, fue el seis de septiembre de 2000 cuando Augusto me dio el inmenso placer y honor de recibirme en su piso de Las Carmelitas, con mi amigo fotógrafo de Santiago del Estero: Jorge Juan. Al comienzo, habida cuenta de su edad y de su estado de salud precario, su secretario y psiquiatra: Alejandro Maciel, nos concedió media horita nomás, pero el Carpincho del Tevikuary, muy lúcido aún, y muy a gusto con nosotros, nos otorgó tres horas de su contado tiempo, que pasaron volando… El mismo lo hubiera calificado a ese tiempo relativo -al cual Einstein le dio sus conceptos- totalmente elástico del goce de una charla con un Geniazo completo de: “Momento mágico sin tiempo…” Y lo fue realmente, hablamos de muchísimos temas aún candentes en esa época: la dictadura de Stroessner, el exilio, el guaraní y el bilingüismo, Las culturas condenadas, etc Pero volvamos a lo de la Karina: Ella nos abrió la puerta, era alta y blanca, parecía geisha, procedía de La Colmena en Paraguari, la mayor colonia japonesa en Paraguay, y sus antepasados habían llegado desde el País del Sol Levante un poco antes de la segunda guerra mundial… No sólo era alta y blanca, era una Diosa, realmente Preciosa, que me dejó medio paralizado en el umbral de la puerta de don Augusto… La rocé para entrar porque no se corrió del todo, era espectacular esa mina oriental, tan refinada y secreta… Desprendía una secreta fragancia de violetas, jazmín y crisantemos, que me recordó desde luego a mi querido Pierre Loti… Don Augusto la amó como una hija, fue el último amor suyo que renovó su vejez y le dio fuerzas de seguir adelante pese al peso de los años… Pero la muñeca era de esas que no vienen infladas sino que se desinflan en cuanto escuchan el roce de los dólares en su mano; había encontrado los fajos en un maletín, dicen que eran del Premio Cervantes de 1990 y que Roa los guardaba porque no confiaba en los bancos… De a poco lo fue sacando, se compró un 4X4 flamante por nuevito, dos casas se sacó también y miles de dólares de ahorros que nunca habría alcanzado sólo con su sueldito… Así es la vida, hay gente que se desvive por escribir una obra magistral, y alimañas como la Karina muy caína, que se las apañan para sacarles el fruto de su trabajo... Pero no le bastó a la muy malvada con sacarle el dinerillo, todos los fines de semana se iba y lo dejaba solito encerrado en su piso, a veces con la nevera vacía y sin sus remedios… Pareciera que quisiera que desapareciera la víctima del delito: ¿sin víctima quién podría demostrar que pasó algo…? Roa vivía solito, había vuelto al Paraguay en 1990, después de un doble exilio, a Argentina primero y luego a Francia, y en ambos casos había sido muy exitosa su vida intelectual… Su vida afectiva también, cada país le dio una esposa diferente con sus debidos hijos… En Paraguay estuvo hasta la revolución del 47 con Ana Lidia Mascheroni, y luego vivieron exiliados en Martínez, cerca de Buenos Aires, donde le dio tres hijos… En Argentina se juntó con Amelia Nassi, la que lo ayudó a pegar textos en su desaparecido manuscrito hipertextual de Yo, el Supremo, y le dio descendencia argentina… Y a partir de 1976, en Francia, la temible Iris Giménez - que le dio descendencia gala - lo tuvo entre sus garras hasta que decidió desprenderse de la fiera y volver a su querido Paraguay… Con cada una tuvo sus momentos de dicha y de desdicha, la última, la francesa de origen español lo quería matar porque enamoraba a sus alumnas, con su natural encanto y su prestigio internacional – las mujeres, en especial las jóvenes, son muy adictas al poder de los hombres, les fascina, aunque lo nieguen- pero ninguna se atrevió a hurtarlo y engañarlo como la maldita Karina, como la Caína de La Colmena… Al morirse, el 26 de abril de 2005, tres días después de la fecha prevista – la de su Maestro Cervantes desde luego- cuando se tiró del entresuelo por soledad y falta de amor, Ella, lo encontró ahí por la mañana, y se dirigió directo al maletín… Con sus garras blancas y refinadas de geisha, sacó con máximo goce los últimos guaraníes y se los puso en el bolsillo; con esos - se dijo: « Me pago la piscina y se mueren de la envidia todos los vecinos… » Maldita mujer, te metieron presa muchos años en la cárcel de mujeres de Asunción, y cuando pasaba por ahí en auto, siempre me llamaba la atención que don Roa estuviera justito enfrente, en La Recoleta, y que allende la vida, te siguiera observando, y quizás amando… Porque sabido es que el sexo débil somos nosotros los hombres, y que ni los feministas en masculino se salvan del temible poder de algunas mujeres…

vendredi 7 avril 2017

"DOS ILUSTRES DESCONOCIDOS: HUMBOLDT Y BONPLAND", LA NACIÓN, BUENOS AIRES, 06/04/17

"DOS ILUSTRES DESCONOCIDOS: HUMBOLDT Y BONPLAND", LA NACIÓN, BUENOS AIRES, 06/04/17
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mercredi 5 avril 2017

vendredi 8 avril 2016

PREGUNTAS, CON MARYSE RENAUD, POR NILO PALENZUELA

MARISA EN SU JUNGLA DE POITIERS 1. En un artículo Emiliano Coello Gutiérrez sugería la persistente presencia en su narrativa de personajes expatriados. Desde la época de Suzanne Césaire a la actualidad numerosos martiniqueses parecen estar marcados por esta condición. Más que la expatriación en el caso Maryse Renaud, ¿habría que hablar de la nostalgia de la isla vivida en su casa durante la juventud? 2. El hecho de haber sido catedrática en la Universidad de Poitiers le ha permitido ver el espacio latinoamericano desde una perspectiva amplia. ¿Ve la literatura francófona integrada en ese panorama o aislada por las específicas condiciones de la francofonía? 3. Ante su novela Junglas surge enseguida el título del famoso cuadro de Wifredo Lam, de 1943. El cuadro tenía que ver con un contexto preciso donde se aunaba surrealismo y vindicación de las raíces africanas del Caribe; aquel lienzo tenía que ver con las posiciones de la revista Tropiques, con el Cahier d’un retour au pays natal, de Aimée Césaire, con los Contes nègres, de Lydia Cabrera, o con los poemas de Nicolás Guillén. ¿Le parece que aquellos procesos de fundación de una identidad tienen que ver con su universo literario y personal? 4. Visto desde el español, sorprende el amplio discurso que se ha desplegado sobre la identidad en diversas generaciones de escritores e intelectuales martiniqueses, desde la época de los animadores de Tropiques o de Édouard Glissant a Chamoiseau, Confiant y Bernabé, los autores de Éloge de la créolité? Las referencias a Martinique y a los "expatriados" ¿surgen más de una necesidad que de una voluntad teórica y estética? 5. Recuerdo las publicaciones de los años 30 y 40, Revue du Monde Noir, L'Étudiant Noir, Tropiques. Cyparis parece un personaje de la negritud.(Maryse me refiero a: perdida de sus raíces y, desde la perspectiva de la novela, evocación de un territorio imaginario afrocaribeño). 6. El créole es la lengua vindicada por las últimas generaciones de escritores de La Guadeloupe, Martinique o La Réunion. Advierto la presencia del créole entre los haitianos y martiniqueses de su narrativa última. 7. Cuando presentó su libro Junglas escuché que había elegido para escribir el español por su tono musical. ¿A la precisión conceptual y poética de la tradición escrita en su lengua prefiere la variación tonal y la ambigüedad de la lengua española? 8. ¿Será también porque en esta lengua se halla escritores próximos, Onetti o Felisberto Hernández? 9. Entre escritores a los que usted ha conocido se halla, según me ha dicho, Adalberto Ortiz. Salvadas las distancias históricas y las inclinaciones políticas del ecuatoriano, ¿sus novelas no merodean los paisajes vitales de supervivencia de un Juyungo? 10. Siempre sorprenden los escritores que escriben en lenguas que no son maternas. En francés hay muchos que lo hacen y que tienen como idiomas de partida el inglés, el rumano o el ruso. Latinoamericanos como Vicente Huidobro o Alfredo Gangotena escribieron en francés, también el español Juan Larrea. ¿Escribir en otra lengua significa una renuncia y una crítica al universo más familiar? 11. En Francia Maryse Renaud ha sido una gran difusora de los escritores latinoamericanos. ¿A qué escritores ha apreciado más desde el dominio del diálogo intelectual y de la amistad? ¿Y en el ámbito francés? RESPUESTAS 1. En un artículo, efectivamente, Emiliano Coello sugiere la persistente presencia en mi narrativa de personajes expatriados, y tiene toda la razón. Pero pongámonos de acuerdo sobre lo que entendemos por “personajes expatriados”, ya que la noción de expatriación, con frecuentes connotaciones políticas o jurídicas, va generalmente de la mano con la idea de desarraigo, de desposeimiento, de una dolorosa sensación de ruptura y fracaso personal. En mis textos pasa toda clase de personajes y si bien no escasean los que objetivamente se encuentran fuera de su patria, el que sean unos “expatriados” no reviste necesariamente en todos los casos connotaciones trágicas ni dolorosas. En Junglas, por ejemplo, mi última novela, se cruzan los destinos de un senegalés, un iraquí, un argentino (un exmontonero), un boliviano, dos ecuatorianos y dos jóvenes estudiantes franceses, uno de los cuales es martiniqués. Lo cual nada tiene de extraño ya que el marco de la acción es la babélica ciudad de Nueva York, un crisol de etnias y culturas. Entre ellos se encuentran gentes realmente desarraigadas, desvalidas, que se están buscando mal que bien la vida en los Estados Unidos, pero éste no es el caso de los dos franceses que sólo están de paso por Nueva York, descubriendo la ciudad. En cuanto a mis personajes antillanos propiamente dichos proceden generalmente de la clase media superior, o sea, la burguesía acomodada, sin mayores problemas económicos, que vive en Francia, en la metrópoli, más por gusto, por elección, que por obligación (véanse El cuaderno granate, La mano en el canal, Junglas). De modo que las tintas sombrías, violentas, que acompañan a menudo a la noción de expatriación, exilio, destierro, van reservadas más bien a otro tipo de personajes de condición modesta, acorralados por la miseria o por contextos políticos adversos. Con una excepción, sin embargo: la confrontación brutal con el racismo, desestabilizadora, humillante, vivida en el colegio por una niña antillana, en el cuento “Cara de ladrillo”, pero que viene tratada con humor y humanismo. Lo que sí sienten, en cambio, mis personajes antillanos es cierta nostalgia de la isla, de intensidad variada, según los textos…Una nostalgia idealizadora ligada a emociones, sensaciones, paisajes amados, sabores, a vivencias de la niñez (Véanse los cuentos de En abril infancias mil) 2. Para mí que son escasos desafortunadamente los puentes tendidos entre el espacio literario latinoamericano y la literatura francófona en general. De hecho, al privilegiarse el idioma se infravalora el peso de la historia que nos une a francófonos e hispanohablantes, de la geografía en común, de los modelos económicos que amoldaron durante siglos nuestras sociedades (la economía de plantación, por ejemplo); se olvidan las costumbres, la música y demás manifestaciones culturales que bien revelan el parentesco existente, por ejemplo, entre todos los caribeños, que hablen español, inglés o francés. Ahora bien, no seamos excesivos: entre la literatura francófona de las Antillas o de África y cierta parte de la literatura latinoamericana —la caribeña, la colombiana— noto a veces cierta porosidad, extrañas semejanzas en la temática, en la escritura, en la forma de aprehender el mundo; cierta coincidencia en el barroquismo de la prosa, por ejemplo. Similitudes que se deben, creo, sin que lo busquen necesariamente los autores a nuestras raíces comunes, a una sensibilidad común forjada por la historia. Ya mi amigo Vincent Placoly, en su tiempo, reivindicaba abiertamente su condición de “americano”, admirador de Borges, entre otras cosas. En mi narrativa intento, por mi parte, sugerir esta unidad soterrada que nos hermana más allá de la lengua, más allá del color, reuniendo mediante la trama a francófonos e hispanohablantes, involucrándolos en aventuras comunes. Y en el nuevo texto en el que estoy trabajando actualmente —una novela sobre un tal Cyparis, único superviviente de la erupción del Monte Pelado en 1902—, se ven muy bien los lazos estrechos, y hasta determinantes, que existieron en la época de la construcción del canal de Panamá, a comienzos del siglo XX, entre Martinica, los Estados Unidos y Panamá. Sin los antillanos francófonos y anglófonos sobre todo, y algunos centroamericanos, esta empresa prometeica no hubiera podido llevarse a cabo. Más que el idioma los hermanó la geografía, la tierra, el clima cálido y húmedo al que todos estaban acostumbrados y que eran los únicos en poder aguantar. 3. Claro que comparto la postura militante de un Wifredo Lam, si las raíces africanas del Caribe son lo que le presta a la zona gran parte de su identidad cultural, lo cual no significa limitar el Caribe a la negritud, desde luego, negando las demás aportaciones étnicas puestas de relieve por los adeptos a la “créolité” o al “Tout-Monde” de Glissant, por ejemplo. En mi narrativa, en El cuaderno granate en particular, se oponen abiertamente dos personajes en torno justamente al tema de la negritud, puesta en un altar por el marido y denigrada, en cambio, por la mujer, reacia en admitir a esta África que alimenta discretamente la cultura antillana y que corre por sus venas (es esta mujer un típico ejemplo de la alienación de la burguesía martiniquesa de los decenios anteriores, analizada, como bien se sabe, por Frantz Fanon ) 4 Puede sorprender, efectivamente, desde una perspectiva hispánica el amplio discurso identitario desarrollado por los intelectuales y escritores martiniqueses. Ahora bien, no son ellos, sin embargo, los únicos antillanos en demostrar interés por esta cuestión. Cuba, Puerto Rico, República Dominicana también cuentan con grandes textos ensayísticos sobre la identidad nacional (cf. entre otros El país de cuatro pisos del puertorriqueño José Luis González, o Al filo de la dominicanidad, de Andrés L. Mateo, o Los letrados y la nación dominicana, de Miguel Ángel Fornerín). Nuestra especificidad quizás radique en la reiteración y continuidad de dicho discurso, en las nuevas inflexiones y modulaciones que cada nueva generación pretende aportar a la reflexión colectiva. De alguna manera se explica, creo, por razones políticas, por el estatuto fluctuante de Martinica: primero colonia francesa desde 1635, luego “departamento francés de América” a partir de 1945 (con su correlato ideológico, la asimilación), departamento atravesado, sin embargo, por un fuerte afán independentista en los años 60 particularmente, situación incierta, siempre en cuestión, que no puede sino fomentar reflexiones sobre la identidad y el destino político del hombre martiniqués, sobre las relaciones entre metrópoli y departamentos de ultramar, sobre el lugar de Martinica en su espacio propio — el caribeño—, en el espacio latinoamericano y mundializado. De ahí, creo, el paso de la poética de la Negritud de Césaire (un momento fundamental de aclaración de la situación, de lucidez, para los antillanos) a la exaltación de la “créolité” , y de ésta al Tout-Monde d’Édouard Glissant, fase de apertura máxima al vasto mundo en el que nos toca vivir hoy. También podría hablarse de emulación constante entre unos y otros en la misma isla, de la necesidad de superar la palabra del Padre (Césaire), de ir afirmando nuevos valores tanto desde el punto de vista político como artístico. La noción de “expatriación” —con la carga dolorosa que implica—, tratándose de los intelectuales martiniqueses me parece muy relativa, porque van y vienen constantemente a su antojo de la isla a Francia, y de Francia a los demás países europeos, o a los Estados Unidos (véase el caso emblemático de Glissant). Expatriarse por algún tiempo hasta puede significar enriquecerse, entrar en contacto con lo otro, escapar de la clausura de la isla. Los únicos en sufrir realmente de dicha expatriación fueron los trabajadores que salieron masivamente a Francia en los años 60 a buscar un empleo que la isla no les podía ofrecer y que se colocaron mal que bien en la metrópoli en determinados sectores (hospitales, correos). Ahora bien, estéticamente el tema del expatriado abre posibilidades casi infinitas que no va a rechazar ningún escritor. Raphaël Confiant, por ejemplo, acaba de publicar la biografía (novelada) de una martiniquesa expatriada a los EEUU (por razones económicas y también por el afán de descubrir el vasto mundo y de afirmarse fuera de la isla): la mujer apagada y dócil de Martinica se convierte entonces en este nuevo contexto en un gángster al frente de una organización de apuestas clandestinas y reina literalmente sobre Harlem (Título: Madame St-Clair. Reine de Harlem, Mercure de France, 2015 6. En mi última narrativa, efectivamente, he acudido al créole, vindicado por las últimas generaciones de escritores de mi tierra, así como de Guadalupe y de La Réunion, en el marco de la política francesa de descentralización y del fomento de las lenguas regionales. (Se enseña el créole y se escribe también en créole para el teatro en particular. ) Aunque no soy “criollófona” ni mucho menos y sólo he vivido tres años seguidos en Martinica —la burguesía martiniquesa siempre se esforzó por distanciarse lo más posible de ese idioma popular, denigrado y tildado por mucho tiempo de “patois”—, siempre me ha interesado el créole. Por pura curiosidad, por saber que era parte de mis raíces y por amor a todas estas palabras misteriosas y esas cadencias que oía sonar de adolescente, en París, en los discos de mis padres. Mi madre fue quien me sirvió de iniciadora, me explicó las letras de las canciones y la cultura ancestral de la isla, y pronto aprendí a volar sola. Hasta puedo ahora hablar créole … con un acento no muy castizo, pero todos me entienden. Y he terminado por animarme a escribirlo. Por placer. Ahí vienen dos pasajes de Junglas, bastante significativos, creo: PRIMER PASAJE Bastien penetró en la habitación con ánimo conversador. Cuando estaba de buen humor se entretenía en mechar su discurso con palabritas en «criollo básico», que le venía enseñando a trancas y barrancas su amigo martiniqués, ansioso de vindicar, según decía, esta lengua largo tiempo considerada un dialecto y despreciada por la burguesía de su tierra. Pocas cosas diferenciaban, de hecho, al alumno del maestro. Cyril, que había vivido poco tiempo en Martinica, distaba mucho de dominar este idioma que sólo usaba de vez en cuando, nostálgico, con algunos amigotes para bromas y chistes, y casi nunca en su familia, acérrima defensora de la lengua francesa. Pero le tenía al criollo un cariño particular por haber sido una lingua franca, llena de colores, ritmos e imágenes sabrosas, chapurreada sin complejos desde los primeros tiempos de la conquista de Martinica por todos sin excepción : blancos, negros y también sus queridos caribes, unidos por un idioma campechano que hasta había acogido en su seno palabritas del español y del inglés. —¿Ki nov ?, tío. ¿Estás sordo ? Oye, conocí a una espléndida pelirroja irlandesa. Indiana… Original el nombre de la dama, ¿no ? Es por una vajilla de loza francesa con floripondios rosados que su madre vio en una tienda de antigüedades de Dublin. Y que no alcanzó a comprar..., pero se encariñó con estas tres sílabas. SEGUNDO PASAJE De repente Bastien se puso de pie y empezó a pasear por la habitación con aire jovial. —Pero todos pensábamos que ese plan era historia antigua, un capricho suyo (de Vincent y René), como otros tantos. Que sólo hablaban por hablar. O como me dijiste tú que dicen tus viejos martiniqueses de monte adentro, en criollo, « para impedir que se les críe mal aliento » —Bastien soltó una enorme carcajada. Le encantaba constatar cómo se iba redondeando con el tiempo su stock de palabras exóticas. Algún día terminaría por ser todo un doctor en criollo. 7-8 Primero no creo que la precisión conceptual sea privativa de la lengua francesa, también la posee la lengua española. Y le veo más flexibilidad, más posibilidades poéticas, sonoras, al español, que nos brinda generosamente palabras llanas, agudas y esdrújulas, cuando el francés se contenta con una melodía monótona basada únicamente en oxítonos. Tiene su encanto, no lo niego, una indiscutible elegancia (envarada, digo yo), como suelen comentar los extranjeros. Pero la lengua española lo tiene todo: la garra, la truculencia que le falta al francés, y la mesura, si hace falta, la emoción discreta y fugaz. Leo a Rubén Darío y me quedo totalmente satisfecha, o a Valle-Inclán. O a Felisberto Hernández que tan bien sabe captar la voz de los cuchillos, los tenedores, los balcones. Leo, claro, al gran Onetti y a otros muchos amados escritores de mi biblioteca. 9. Conocí efectivamente a Adalberto Ortiz, por pura casualidad, durante un viaje que hicimos mi esposo y yo a Ecuador, desde Martinica donde nos encontrábamos veraneando. Tenía 26 años y no sabía quién era él. Mucho más tarde, en Poitiers, leí Juyungo y me impactó bastante esta novela por su realismo lírico y su construcción desflecada, heterogénea, muy innovadora en aquel año 1942. Pero no creo compartir gran cosa con él, primero porque pertenecemos a generaciones y contextos históricos totalmente diferentes. La cuestión racial, centrada en la explotación del negro en Jugungo, no constituye el eje de mis textos, aunque el racismo y la xenofobia afloran en múltiples ocasiones en ellos, en marcos urbanos y contemporáneos. Creo, sobre todo, que lo que nos diferencia radicalmente es una cuestión de tónica: el arma del humor, de la parodia, que uso frecuentemente para canalizar o desinflar situaciones álgidas, no la maneja él, si mal no recuerdo. La tónica dominante de Juyungo es la tragedia desgarradora. Pero algunos atisbos de violencia telúrica atraviesan efectivamente mis textos, cuando me pongo a pensarlo. Específicamente en el texto que estoy preparando actualmente, y debo reconocer que a Adalberto Ortiz y a mí nos atraen poderosamente las potencialidades violentas, los recovecos oscuros de las selvas de nuestra América. 10. Beckett, Ionesco, Bianciotti, Kundera, Huidobro, Gangotena, efectivamente, escribieron en lenguas que no eran las maternas. Muy bien. Y supongo que no lo vieron como una renuncia, al contrario, sino como una apertura hacia otro mundo de signos, sonidos, sensaciones y valores. Por mi parte, opté por el español, después de una larga carrera de profesora de literatura hispanoamericana y de un doctorado sobre la obra del uruguayo Juan Carlos Onetti. El español es un idioma que amé desde el mismo momento en que me lo enseñaron en el Lycée Fénelon, en París, a través de la literatura picaresca, de los romances, de las comedias de Lope de Vega, del loco de Don Quijote, evidentemente. Pronto fui armando una pequeña biblioteca de textos queridos con el dinero que pedía a mis padres, para gastos menudos, y recuerdo que entre ellos se encontraba La barraca de Blasco Ibáñez. ¡Qué deslumbramiento ante tanta potencia! Y este entusiasmo nunca se desmintió, al contrario, fue creciendo con el descubrimiento de la literatura latinoamericana, con la cual estoy muy compenetrada por razones objetivas. Martinica: departamento francés de América. Tengo por tanto un pie en la metrópoli y otro bien afincado en América. Me gusta manejar este idioma español, hacerlo lo mejor posible, perderme en los recovecos de los diccionarios, averiguar matices, en fin, entretenerme con los signos, aprovechar las posibilidades léxicas y los giros específicos que ofrece América Latina, que siempre late en mis textos a favor de un diálogo o de una descripción, por ejemplo. Y también intento imprimir al español que escribo una cadencia mía, sacudirlo con frases secas, precipitadas, tajantes, en ocasiones, o envolventes, proliferantes y sinuosas como la maleza tropical. Escribir en español para mí es una fiesta. A expresarme en francés he renunciado de momento porque me avergüenza, me apena, me entristece ver el poco interés que demuestran actualmente en Francia los intelectuales, las supuestas élites, por su lengua y su cultura. A diario, tanto en la radio como en la televisión (un poco menos, es cierto) se pisotean las reglas más elementales de la sintaxis (interrogaciones, negaciones, afirmaciones) y se habla una lengua de “patio de escuela”, pueril, esquemática, desestructurada. Y nadie rechista, ya que son doctos profesores, ministros, especialistas en esto y lo otro, y hasta el mismo presidente de la República, los que profieren las burradas en cuestión. Es tal el deterioro actual de la lengua, invadida, en cambio, por un montón de inútiles anglicismos, que a veces dan ganas de bajar los brazos. AHÍ TIENE UN PASAJE SUGERENTE SACADO DE JUNGLAS (directamente inspirado en lo que se puede oír actualmente en la radio o la televisión. De la calle, no hablemos, pero con la calle seamos indulgentes.) —Aprender a desaprender el francés... ¡Parece mentira ! Si aquí los nativos ni siquiera saben formular correctamente una interrogación directa, ni pasar del singular al plural ! De las conjugaciones más elementales ni hablemos. ¡Para qué habré venido yo a Francia ! Para escuchar a cada rato : «Debemos reunirse sin tardar en el despacho directorial », o ««algo en la cual pienso noche y día», cuando no nos rompen el coco con «¿Es qué el lugar donde vives ?», «¿Es qué la intención del novelista ?», o «¿Es qué cómo te llamas ?» ¡Como si les fuera imposible zafarse de ese engrudo y decir sencillamente, como Dios manda, «cómo te llamas, macho» y «dónde vives, mi niño». En cuanto a la intención del mentado novelista ..., para mí que es dirigirse a lectores que no sean totalmente analfabetos. Menos mal que estás tú, amorcito, día y noche, noche y día para hacerme olvidar esos horrores ! Susana pasaba de la rabia a la risa. Le echaba los brazos al cuello, lo acariciaba, le arremolinaba el pelo, lo tumbaba en la cama, apretaba sus labios carnosos contra los suyos hasta hacerle daño, le mordisqueaba el lóbulo de la oreja, le alisaba las pestañas con su saliva, artísticamente. De todas estas ternezas vertiginosas ya no quedaba nada. Cyril, abatido, sufría en silencio. No servía argumentar. Aprender a desprenderse de ella... ¿No era ésta acaso la única solución atinada ? 11. Son bastantes los escritores latinoamericanos que he recibido y alojado en mi casa, todo un hotel, y con quienes mantengo relaciones amistosas, pero he de reconocer que algunos resultan particularmente entrañables y fieles, como el novelista costarricense Rodrigo Soto, el argentino Mempo Giardinelli (Premio Rómulo Gallegos 1993) y el poeta y ensayista dominicano Miguel Ángel Fornerín. Todos, reconocidos en sus países respectivos y fuera de las fronteras nacionales, tienen don de gentes, saben escuchar las interrogaciones ajenas, participar con llaneza y precisión en los debates, aportar respuestas, sugerir sus dudas, dialogar; en resumen, integrarse fructuosamente en una reflexión colectiva para mayor provecho de todos. También tengo que mencionar a Roa Bastos, un gran amigo del Centro de Estudios Latinoamericanos de Poitiers (C.R.L.A.), una figura incomparable de las letras latinoamericanas hoy fallecida, cuya modestia y actitud cooperativa siempre me llamaron la atención. Otros buenos amigos han muerto, desafortunadamente, como Rubén Bareiro Saguier, Juan José Saer, Saúl Yurkievich, y los vivos, como Mario Goloboff, Cristina Rivera Garza, Luisa Futoranski, Pablo Urbany, viven bien lejos o sólo se llegan hasta Poitiers de vez en cuando, para coloquios internacionales o seminarios. Pero la amistad y la admiración que les profeso se mantiene intacta. Nilo Palenzuela

mardi 22 mars 2016

AIMÉ BONPLAND: LA AVENTURA VITAL DE UN CIENTIFICO EJEMPLAR, POR FERNANDO AÍNSA

AIMÉ BONPLAND: LA AVENTURA VITAL DE UN CIENTIFICO EJEMPLAR Fernando Aínsa Pocas veces se puede leer una biografía en la que el autor esté tan compenetrado con la vida, el paisaje y el medio donde ha vivido el personaje del que narra su periplo vital, como la que nos ofrece Eric Courthès en este “viaje sin regreso” del botánico Aimé Bonpland 1. Placer inmenso el sumergirse en las tierras paraguayas donde el famoso científico francés estuvo confinado por el dictador Francia, revivir su existencia en las Misiones de la Argentina y esas incursiones en “la tierra purpúrea” que Hudson por esos años había inmortalizado en una emblemática novela sobre el Uruguay, La tierra purpúrea, que el autor nos procura. Placer contagioso, porque Eric Courthès ha vivido también en esas tierras, las ha recorrido con el mismo entusiasmo que lo hiciera Bonpland, habla desde “dentro” de un paisaje vivenciado en forma entrañable; nos describe la naturaleza, sus plantas y árboles, que Bonpland inventarió con minucia, con idéntica devoción. Documentado, abundante en notas de agradable lectura, lejos de la erudición farragosa de un académico, Courthès nos devuelve a esos años en que Bonpland, primero acompañando a Humboldt en su búsqueda de la unión del Orinoco con el Amazonas y luego solitario explorador del Paraguay y las Misiones, donde vivió hasta su muerte, intentando negocios y plantaciones sometidas a los avatares políticos de la época en una región convulsa, con guerras civiles y caudillos de volubles alianzas. Courthès conoce esa historia de primera mano y con estilo ágil y envolvente nos conduce en los meandros de la vida de Bonpland desde su muerte hasta sus orígenes en las tierras marítimas de la Rochela, donde había nacido. En ese remontar el tiempo, al modo de El viaje a la semilla de Alejo Carpentier, nos brinda un panorama de las ideas científicas de la época, del sobreviviente romanticismo que acompaña la curiosidad de aquellos buenos discípulos de la Ilustración que encontraron en tierras americanas un magnífico laboratorio y un mundo inédito, apenas inventariado. Época memorable, de héroes entregados con pasión a una vocación científica de la que la historia no siempre ha hecho un justo reconocimiento. Bonpland no ha tenido en Francia el merecido eco que su obra merecía. Courthès nos lo recuerda al describir las dificultades económicas en que vivió y la justicia que pareció llegarle, finalmente, en la misma tierra donde estuvo prisionero de ese dictador que dominó el Paraguay durante décadas y que el escritor Augusto Roa Bastos inmortalizó en Yo, el supremo, esa novela donde el propio Bonpland es personaje. Con hábil intertextualidad, Courthès acude a sus páginas para retrazarnos la ambigua relación que unió al botánico y su carcelero. Bonpland, al vivir en esas tierras que los conquistadores españoles habían bautizado como “el paraíso de Mahoma”, no pudo evitar ser un amante generoso en sus afectos y dejó una reconocida descendencia. Eric Courthès lo recuerda con contagiosa alegría que anima la biografía de un hombre que no solo se dedicó a describir y dibujar hojas y plantas, sino a ser un jocundo y vital personaje de su tiempo. Recomendable desde todo punto de vista esta biografía de Aimé Bonpland merecería una mayor difusión. Hombres así, espíritus curiosos y aventureros como este pionero explorador americano, ya no existen. Solo revividos como lo hace este otro gran aventurero e inquieto viajero que es Eric Courthès, es posible redescubrir un tiempo donde la tenaz curiosidad acompañaba a viajeros que inventariaban un mundo que era realmente un “Nuevo Mundo”. Zaragoza, marzo 2016 1 Eric Courthès, Le voyage sans retour d’Aimé Bonpland, explorateur rochelais (París,L´Harmattan,2010),http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=31196. Hay una edición en español Memorias de un muerto, el viaje sin retorno de Amado Bonpland Asunción,Servilibro,2010, http://www.servilibro.com.py/libreria/productos/memorias-de-un-muerto-el-viaje-sin-retorno-de-amado-bonpland

jeudi 11 février 2016

TRAVESÍAS : JUEGUITOS A LA DISTANCIA Y CON EL TIEMPO, CON MI AMIGO FERNANDO AÍNSA

TRAVESÍAS1 : JUEGUITOS A LA DISTANCIA Y CON EL TIEMPO, CON MI AMIGO FERNANDO AÍNSA ‘’ Cuando amas tienes que salir/ No lloriquees sonriendo/ No te anides entre dos senos/ Respira camina sal vete/, Blaise Cendrars, ‘’ Tu es plus belle que le ciel et la mer’’, Au cœur du monde
Al proyectar mi último viaje -modesto si los hay respecto de mis travesías anteriores hasta las Antípodas y las islas del día de antes- a Bilbao y Zaragoza, en diciembre de 2015, resolví dedicar parte de la estancia en Bilbao al gran explorador bilbaíno: Pedro Enrique de Ibarreta2 , y la de Zaragoza, a un amigo de los viajes, las islas y las utopías, como yo, don Fernando Aínsa3 . Encontré a Fernando en la isla del Príncipe Eduardo, en Canadá, en 2006, en un magnífico congreso sobre la insularidad, en que el difunto C.E.L.C.I.R.P. de Néstor Ponce juntó a muchos otros colgados por el tema de la isla, y durante el cual nos fue dado asistir a una magistral conferencia sobre la insularidad de uno de los organizadores del evento: Godfrey Baldacchino4 -un maltés bien disparatado con las ínsulas también- en chancletas y bermuda, sólo le faltaba el salabre… No se olvidan semejantes encuentros, y cuando nos volvimos a ver hace unos quince días, fue como si todo el jueguito de las islas volviera a empezar… Lo abracé al gran forjador de utopías insulares en el pasillo de su piso de la Plaza San Francisco, como si lo hubiera visto el día anterior, y todos los jueguitos nuestros de isleños viajeros volvieron a empezar… Durante nuestra charla informal en el sofá, le dediqué mi novela de Bonpland5 , y mi diario de viaje de Guido Boggiani6 , y él hizo lo mismo con tres obras suyas7 . Pues empezamos a jugar con el tiempo, al abolir los siete años de separación, por no llegar yo como uno de esos ‘’ amigos de antes8 ’’, de improviso y pidiendo alojamiento y comida. De hecho, me había deparado la suerte del buen viajero una habitación de hotel con magistral vista al Puente de Piedra, a la Basílica del Pilar y al Ebro… Luego, nos comprometimos en escribirnos mutuamente una nota -ya que no basta con hablar del otro en términos teóricos sino que uno debe agasajarlo, para evitar la tremenda ‘’indiferencia’’ - y nos despedimos con las riquísimas empanadas chilenas de Mónica, la esposa de don Fernando, cuya voz aparece de forma anecdótica y cómica en el ensayo suyo que me toca comentar ahora. Travesías no es uno de esos ensayos clásicos, más bien monotemáticos y extensos, que nos toca leer en el mundo académico, es medio transgenérico, primero por su grafía especial. En efecto, el cuerpo del texto, en su centro habitual, se ve desdoblado a cada rato por notas que podrían ‘’ ser de pie de página9 ’’ pero que no lo son; convendría pues preguntarnos el por qué de semejante disposición gráfica: ''El centro Al final de estas idas y vueltas, de todos estos viajes entre aquí y allá y los cambios de punto de vista sucesivos que se asumen unos y otros en el espacio, puede haber quienes se pregunten, legítimamente, si esta Travesía, estos Juegos a la distancia entre ‘’ aquí y allá’’, no están viciados de nulidad. Tal vez el juego para voces múltiples que se ha jugado a través de estas páginas es nulo desde el principio10.'' Vamos a arriesgar una hipótesis, en estas notas centrales, con alta carga de cinismo y nihilismo en este ejemplo, el autor pasa a un plano metalingüístico de auto-crítica, casi de auto-censura, que quizás hubiese pasado desapercibido a pie de página; su gestión extraña del paratexto le permite además meter el yo, meterse a sí mismo, enfermo y solitario en un cuarto de hospital, algo inusual también en un ensayo: ''Se ruega no caer en el sentimentalismo barato y en otros males pequeños-burgueses. Apenas restablecido, estos fantasmas deberían ser conjurados con energía11.'' En su especie de geopoética, hay mucho ego, mucho lirismo incluso, que derivará luego en un ‘’ aprendizaje tardío’’ de la poesía. En sus ‘’juegos a la distancia’’ entre un acá parisino o zaragozano, y un allá montevideano, entre un norte y un sur, no simples polos opuestos sino verdaderos conceptos o categorías oponiéndose, entrechocándose a veces, barloventean las voces, exteriores e interiores, de un ser herido por la fractura entre el sur de la infancia en el Cono Sur que ya pasó a simple recuerdo, totalmente desfasado de su actual realidad, con acentos kunderianos12 , y la del norte, del presente, en que suele darse en espectáculo para confortar los tópicos de sus interlocutores, de los que quedaron acá, de ‘’ los que viven una sola vez [y] se aburren13.’’ Como ya lo habrán notado, el viaje y el exilio están en el meollo de todo el librito de Fernando -cortito pero denso- y la crítica a los que se quedaron es feroz: ‘’ Están asomados a las puertas de las casas en que nacieron y no han salido de su pueblo14.’’, sin lugar a dudas por sentir don Fernando a su vuelta el rechazo, el ‘’re-celo’’, el ‘’re-sentimiento’’ de quienes se quedaron y envidian sus idas y vueltas por el mundo, sus travesías, y cuya actitud segregacionista, excluyente del otro y la diferencia, trastorna al exilado hasta dejarlo en un tremendo malestar existencial y hacer que llegue a preguntarse: ‘’ ¿El exilio, estar mal consigo mismo15? ’’ Esa parte de la obra me recordó una frasecita mía, que elegí de exergo para encabezar la página de inicio de mi dominio16 en internet, diciendo más o menos que el viajero tiene vidas múltiples y que por donde pasa se lo considera un poco como un ‘’intruso17 ’’, pero dando a entender que ese anonimato le da más latitud para las travesuras del viaje por el sur, ‘’ válvula de escape18 ’’ para la gente libertaria y libertina de un norte (Francia) actualmente totalmente liberticida. En cambio, en el caso del exiliado, suele ser un intruso entre los suyos, al volver al pago de la Banda Oriental, será más bien una sensación muy fea para ‘’el ser del sur19 ’’ como se autodenomina o designa a sus pares latinos exilados, con mucha eufonía, el autor, en uno de sus mejores capítulos sobre el exilio… Igual que el personaje de mi primera novela: Amado Bonpland, yo, el viajero, encontré la felicidad en el sur, haciendo travesuras mis travesías, tal como lo recalca don Fernando en una de esas notitas centrales tan pertinaces: ¿Cuándo se dirá ‘’ encontró el sur’’ de aquel que habiendo perdido el Norte ha descubierto que su destino y la felicidad estaban del otro lado? También le tocó a Fernando hacer de sus travesías unas travesuras, jueguitos con el espacio, encontrarse a sí mismo con el Sur, por un instante fugaz y voyeuriste, tipo Aleph, con la chica – acaso una prostituta- que duerme desnuda cerca de los servicios del ‘’ Restaurante Don Juan’’, y a la cual espía desde la ventana del patio, la cual de repente ve que la está mirando y le sonríe, uniendo por un ratito sus dos trayectorias que sólo se cruzan en ese mínimo punto, en su mítico viaje de diciembre de 1991, en autobús desde Montevideo a Chile, la andina patria alargada de su esposa: ''Debe pasar algo en esos instantes de mágica contemplación, porque de pronto abre los ojos y me mira con dulzura y me sonríe, como si hubiera pasado la noche en su compañía. Luego, lentamente, con pereza, estira la sábana, se cubre y se vuelve a quedar dormida20.'' Pues los jueguitos de don Fernando con el tiempo de la infancia y sus espacios recobrados, a través de viajes míticos para apropiarse de nuevo de sus territorios, son a la vez textuales, ocupando varios espacios en la página y asumiendo varias voces, dentro y fuera de él, en las de los miles de otros de exiliados políticos de América Latina de los años 70 y 80, y también conceptuales, al manejar categorías tan difíciles de asir como el viaje, el exilio, el norte y el sur. En este aspecto, el libro cobra sus aspectos más brillantes en el abordaje a la categoría de isla, idóneamente titulado: ‘’Islario contemporáneo21’’, que viene al final, a modo de colofón: el lugar de enunciación del exiliado ‘’des-exiliado’’ es una isla, su isla interior, la voz de su conciencia ‘’a-islada’’, en especial en las notitas centrales… En aquella isla-matriz, chiquita y linda, textual y conceptual, hay una vulva de mujer a lo Michel Tournier, o de varias mujeres, al borde del camino, de los caminos del exiliado: la chica del ‘’Don Juan’’ de forma inesperada y puntual, y la mujer-madre: su Mónica, como constante invariable e isla-abra para el descanso eterno de la pareja. Aunque sea una soledad de a dos, de a dos exilados latinos se aguantan mejor las secuelas de tantas travesías, de tantos trastornos entre un norte y un sur, que lo despistan a uno al querer encontrarse con el otro, como el viajero, o más bien consigo mismo, como el exilado ‘’des-terrado’’ de sus islas rioplatenses: mi amigo don Fernando Aínsa… Éric Courthès, 12/02/16 Cul-de-Sac, San Martín, Guadalupe Travesías, Juegos a la distancia, Ediciones Litoral, Málaga, 2000, http://fernandoainsa.blogspot.com/p/obras-individuales.html [1859-1898] Después de exiliarse a Francia e Inglaterra durante las Guerras Carlistas de joven, de cartografiar el Chaco argentino, de pelear en la Guerra de Cuba, el ilustre y temerario bilbaíno terminó devorado por los Tobas del río Pilcomayo, a los 39 años, igual que Jules Crevaux, dieciséis años antes, a los 35. http://www.euskalkultura.com/espanol/noticias/pedro-enrique-ibarreta-un-aventurero-vasco-en-tierras-de-cuba-brasil-argentina-bolivia-paraguay Palma de Mallorca, [1937], escritor aragonés y uruguayo que trabajó de director editorial en la UNESCO en París, de 1974 a 1999. Es ensayista, crítico literario y poeta. Sus ensayos de americanista suelen versar sobre temas tan ricos como la utopía, el exilio y las islas. Por no estar afiliado a ningún laboratorio, su estilo sencillo, pedagógico, y transgenérico, no se parece al de los típicos académicos, cuya jerga es a menudo abstracta, elitista e ilegible… https://eroxacourthes.wordpress.com/2006/09/02/une-vision-globale-et-transdisciplinaire-des-etudes-insulaires-par-godfrey-baldacchino-p-1/ Memorias de un muerto, el viaje sin retorno de Amado Bonpland, Asunción-Corrientes, Servilibro-Subsecretaría de Cultura de Corrientes, 2010. http://www.servilibro.com.py/libreria/productos/memorias-de-un-muerto-el-viaje-sin-retorno-de-amado-bonpland [1861-1901] Explorador, pintor, y etnofotógrafo italiano, asesinado a los 40 años por los Chamacocos Bravos, en Paraguay, en el Chaco Boreal. Traduje al español , compilé y anoté un diario de viaje suyo a los Caduveos, en 1892, Los Caduveos, Guido Boggiani, Universidad Católica, C.E.A.D.U.C., Biblioteca Paraguaya de Antropología, Vol. 95, Asunción, 2014. http://www.ceaduc.uca.edu.py/index.php/el-ceaduc/staff/87-libros/autores-nacionales/109-los-caduveos, a partir de la traducción brasileña de Amadeu Amaral Júnior, revisada por Herbert Baldus, Os Caduveos, Editorial Itataia, Belo Horizonte y Editorial de la Universidad de São Paulo, 1975, de la obra original en italiano: I Caduvei, Editorial Ermanno Loescher & Co, Roma, 1905. 1 Desde el otro lado, prosas concisas, Pregunta Ediciones, Madrid, 2014, http://preguntaediciones.blogspot.com/2015_04_01_archive.html Aprendizajes tardíos, Ediciones El otro, el mismo, Mérida, Venezuela, 2007, http://www.iberlibro.com/buscar-libro/titulo/aprendizajes-tardios/autor/fernando-ainsa/ 2 Ibid, pp. 45-46 3 Ibid, p. 106 4 Ibid, p. 62 5 Ibid, p. 51 http://www.revistadelibros.com/articulos/la-ignorancia-de-milan-kundera 6 Ibid, p. 47 7 Ibid, p. 47 8 Ibid, p. 64 9 ‘’Los viajes solitarios nos permiten vivir varias vidas, llegar como intrusos en fiestas de otros, entrar en sus amores, sus amistades, y sus juegos, el Viaje nos hace múltiples, en el espacio y el tiempo, inmortales …’’ http://ériccourthès.com/index.html 10 ‘’ En ese primer y remoto desajuste que persevera hasta hoy, está tu extranjería esencial. Esa condición de intruso que te da la mirada diferente sobre los hombres y las cosas.’’, ibid, p. 61. 11 Ibid, p. 77 12 Ibid, pp, 65-90 13 Ibid, p. 99 14 Ibid, pp. 101-119 15 ‘’ Ya lo dijo D.H. Lawrence en El hombre que amaba las islas: ‘’ una isla, si es suficientemente grande, no es mejor que un continente. En realidad debe ser bastante pequeña para sentirse como una isla y diminuta para que se adapte perfectamente a tu propia personalidad.’’, ibid, p. 104