vendredi 15 octobre 2010

"Écricains argentins traduits en français", par Irène Meyer




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ecrivains argentins

présentation de écrivains argentins traduits en français:

http://ecrivainsargentins.viabloga.com


Voir aussi:

http://www.ladernieregoutte.fr/livres/





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* Posse Abel
* Prenz Juan Octavio
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* Ze musiques argentines
* Zi annexes
* Zo autres choses inclassables.. mescolanza de otras cosas

Les rendez-vous d'Octobre à la librairie El salon del Libro
Paris, Place de l’Estrapade, septembre 2010



Après la rentrée littéraire et le partenariat avec le Festival America , le mois d’octobre sera le mois des Belles... avec Belles Latinas et Belles étrangères avec la Colombie comme pays à l’honneur.

Vendredi 1er octobre à 19h



Présentation du numéro 12 du magazine Alba , avec Guille Bravo, Ricardo Mosner, la participation du chanteur de tango Juan Ramoset les artistes associés au numéro 12.


Samedi 2 octobre à 17h

Rencontre avec l’auteur argentin Félix Bruzzone pour son livre Les Taupes aux éditions Asphalte.

Mercredi 6 octobre à 19h

Vernissage des gravures d’Edgardo Montes de Oca (edmo).


edmo gravures

Mardi 12 octobre à 19h

Rencontre avec Juan Carlos Cáceres, pianiste, peintre, chanteur, trompettiste, compositeur, pour son livre Tango Negro, ed. Planeta (La historia negada : orígenes, desarrollo y actualidad del tango).


* Juan Carlos viendra avec son piano.

Mercredi 13 octobre à 19h

Rencontre avec deux éditeurs argentins : Constanza Brunet (Marea ediciones clic) et Guido Indij (La Marca Editora et Interzona).

Jeudi 14 octobre à 19h

Dans le cadre des Belles Latinas , rencontre avec l’auteur péruvien Santiago Roncagliolo clic. En partenariat avec le Centre Culturel Péruvien CECUPE.


Santiago Roncagliolo


Vendredi 15 octobre à 19h

Rencontre avec Jacobo Machover pour la sortie de son livre Cuba : l’aveuglement coupable, éd. Armand Colin

Samedi 16 octobre à 17h

Rencontre autour du livre Les amants de Potosi de Néstor Taboada Terán, éd. Patiño avec son traducteur Erich Fisbach.

Mardi 19 octobre à 19h

Rencontre avec l’auteur péruvien Manuel Aguirre en partenariat avec le CECUPE.

Mercredi 20 octobre à 19h

Rencontre avec Damián Tabarovsky pour son nouveau livre Autobiographie médicale à paraître le 7 octobre aux éditions Christian Bourgois.

« Chez Tabarovsky, les personnages semblent vouloir se débattre avec une trame narrative qui est toujours la métaphore en acte des liens impitoyables qui les enchaînent. Comme si le choix de la digression, loin de les nier, loin d’être une impasse, était la formule d’une liberté reconquise ». Emilie Colombani, Transfuge
A écouter sur France Culture l’émission de Colette Fellous 24 dans la vie de... Damián Tabarovsky à Buenos Aires.

Jeudi 21 octobre à 19h

Belles Latinas suite, rencontre avec l’écrivain mexicain David Toscana clic.


David Toscana
envoyé par Karim Benmiloud


Vendredi 22 octobre à 19h

Belles Latina suite et fin, rencontre avec Ernesto Mallo et performance pictural d’Alberto Bali clic.


Ernesto Mallo


Nouvelle librairie espagnole El Salón del libro ,
21 rue des Fossés Saint-Jacques
75005 Paris
Tél. 09 51 13 86 95
placedelestrapade@gmail.com



Les rencontres de la librairie !
envoyé par Sonia Lambert


Afficher 21 Rue des Fossés Saint-Jacques sur une carte plus grande





source: www.ameriquelatine.msh-paris.fr/spip.php


Par larouge • ACCUEIL et ANNONCES • Vendredi 01/10/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
Rodrigo Frésan


FRESÁN, Rodrigo
[ARGENTINE] (Buenos Aires, 1963 — ). Journaliste, critique gastronomique, littéraire et cinématographique, il a publié des nouvelles et des romans : L'Homme du bord extérieur (1991), autobiographie d'un écrivain sur fond de guérilla, de répression et de disparitions ; Viajos de santos (1993) ; Trabajos manueles (1994) ; Esperanto (1995), évocation de sept jours de la vie d'un homme ; Mantra (2001).

...né à Buenos Aires en 1963, il vit à Barcelone. Depuis 1984 il a exercé le métier de journaliste dans de nombreux medias, en écrivant sur la gastronomie, la musique, le cinéma ou bien en tant que critique littéraire. Il est aujourd''hui considéré comme l'' un des chefs de file du renouveau littéraire latino-américain et vit à Barcelone. Rencontre organisée dans le cadre de Belles Latinas en partenariat avec Espaces Latinos

Les romans de Fresan, écrivain argentin, sont des autobiographies fragmentées, accueillant le bruit de la planète : musique, littérature, faits divers, mythologie pampera, guerre des Malouines... Un matériau sauvage y est couché à l'état brut. La conscience du narrateur est une salle d'agence de presse, où l'on ne trie pas : s'y télescopent autant des informations de toutes provenances, que les flux de souvenirs d'enfance, les rêves, désirs, espoirs…


— L’Homme du bord extérieur (Historia argentina, 1991 ; éd. revue 1993), postface de l’auteur, traduit de l'espagnol par Jean-Jacques et Marie-Neige Fleury. [Paris], Éditions Autrement, « Littératures », 1999, 218 p., 14.95 €.

— Esperanto (Esperanto, 1995), roman, traduit de l'espagnol par Gabriel Iaculi. [Paris], Éditions Gallimard, « Du monde entier », 1999, 240 p., 21.34 €.

Les Jardins de Kensington

Matra

La Vitesse des chose

Par larouge • Frésan Rodrigo • Jeudi 30/09/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
Le Fond du ciel
Le Fond du ciel
Rodrigo Fresán






Editeur : Seuil (19 août 2010)
Collection : CADRE VERT


À New York, par une nuit d’hiver, deux jeunes garçons passionnés de science-fiction construisent une planète de neige pour une jeune fille extraordinairement belle qui les regarde derrière sa fenêtre. Le souvenir de ce moment d’amour absolu est ce qui les maintiendra unis alors que leurs routes se séparent et que chacun vit dans des temps différents et des mondes éloignés. Exécuteur testamentaire d’un certain Warren Wilbur Zack, un écrivain de science-fiction mal compris de son époque mais auteur d’un roman légendaire, Isaac Goldman écrit des scénarios pour la télévision et rêve de lents couchers de soleil. Ezra Leventhal, parti pour de lointaines planètes, participe presque simultanément à l’explosion de la première bombe atomique, à la guerre en Irak et à l’attentat du 11 Septembre. Dépassé par le présent, le futur n’est plus qu’une multitude de fins possibles, autant d’apocalypses auxquelles Isaac et Ezra n’échapperont que grâce à la plénitude d’un instant de neige et d’immortalité.

Kurt Vonnegut, Philip K. Dick, John Cheever, Stanislas Lem traversent en filigrane ce merveilleux et extraordinaire roman, très novateur et terriblement borgésien.

Traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon



Par larouge • Frésan Rodrigo • Mercredi 29/09/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
à propos de "le fond du ciel"
→ plus
Par larouge • Frésan Rodrigo • Mercredi 29/09/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
autre à propos de Dernier train por Buenos Aires
Hernan Ronsino, Dernier train pour Buenos Aires (Liana Levi, 2010) → plus
Par larouge • Ronsino Hernan • Jeudi 09/09/2010 • 1 commentaire • Version imprimable
Julio Cotazar





[ARGENTINE] (Bruxelles, 1914 — Paris, 1983). « Comme Argentin, on ne fait pas mieux : de sang espagnol mêlé de sang français et allemand, Julio Cortázar - géant de deux mètres, à la voix de basse, à la barbe de style Castro masquant un visage de jeune homme - est né à Bruxelles, un soir d'août 1914, sous un bombardement allemand. Arrivé enfant dans la patrie de ses parents, l'Argentine, il y demeura plus de trente ans, avant de s'établir à Paris en 1951. Poète, auteur d'un recueil de sonnets publié sous un pseudonyme, professeur à l'université de Buenos Aires, traducteur - admirable - de l'œuvre en prose de Poe, c'est peu de temps avant de retraverser l'océan qu'il commence une carrière d'écrivain qui ne devait plus s'interrompre depuis. Deux voies parallèles dans son inspiration : celle de la nouvelle fantastique, genre où il est passé maître, comme en témoigne Les Armes secrètes (1959) et Tous les feux le feu (1966). Et celle du roman, où il a accomplit ce rêve après lequel courent tant d'écrivains : écrire un autre Ulysse. Car Julio Cortázar y est bel et bien parvenu, pour son compte, dans Marelle (1966), roman total, voyage initiatique, descente aux enfers où d'ailleurs, il prend plus volontiers Lautréamont que Joyce pour guide. Après cette quête métaphysique, prolongée par 62. Maquette à monter (1968), Cortázar remonte pour ainsi dire à la surface du réel, revient à un monde plein du bruit et de la fureur des exécutions sommaires, des tortures et des bombardements. Désormais, sa préoccupation majeure sera, en effet le socialisme sud-américain. Ses amis se nomment Castro ou Allende. Choix politique sans ambiguïté qui, sur le plan littéraire va aboutir au Livre de Manuel (1973). » (Hector Bianciotti).

Par larouge • Cortazar Julio • Mercredi 08/09/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
à propos de "dernier train pour buenos aires
Hernán Ronsino, Dernier train pour Buenos Aires, traduit de l’espagnol (Argentine) par Dominique Lepreux, Liana Levi, 92 pages, 12 euros → plus
Par larouge • Ronsino Hernan • Mercredi 08/09/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
à propos de "Les sept fous"
Roberto Arlt, Les Sept Fous, traduit de l’espagnol (Argentine) par Isabelle et Antoine Berman, Belfond, 372 pages, 20,50 euros → plus
Par larouge • Arlt Roberto • Mercredi 08/09/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
la mort de Frogwill
L'écrivain Frogwill est mort le samedi 21 aout à 69 ans.

Fogwill se fue como vivió: rodeado por los jóvenes
l autor de Los pichiciegos murió el sábado a los 69 años. Lo despidieron en la Biblioteca Nacional, mientras sonaba la música que él eligió.


No se llora (mucho) en la despedida de Fogwill. Se escuchan, sí, muchísimas y constantes palmadas en espaldas que se dan y se devuelven, y que se mezclan con la música clásica que su iPod reproduce en la sala Augusto Cortázar de la Biblioteca Nacional. No se llora (tanto) porque la tristeza, que está ahí, le deja espacio también a la anécdota entre risas, al reencuentro con nostalgia y a la reivindicación de las polémicas que el autor de Los Pichiciegos fue experto en despertar. Se escucha el Beethoven y el Schubert que él eligió especialmente y se hojean los ejemplares de sus libros que pertenecen a la Biblioteca, acomodados sobre una mesa que es permanentemente visitada.

Y hay algo que, a primera vista, llama la atención en el velatorio de Rodolfo Enrique Fogwill: lo rodea para despedirlo una generación de escritores significativamente menor que él, que tenía 69 años cuando murió, el sábado, por un enfisema pulmonar. La explicación es simple y la dio su amigo, el novelista y poeta entrerriano Damián Ríos (1969): "Quique ­varios insisten con llamarlo así, aunque él quisiera imponer el "Fogwill" a secas como marca registrada­ fue un motor constante de la literatura argentina. Operaba, llamaba y leía todos los días para mover nuevos autores, nuevos temas, nuevos enfoques y todo lo hacía desinteresadamente. Abrió el juego para que la nueva generación de escritores fuera más allá de Alan Pauls y Sergio Bizzio, por eso queda un vacío muy grande".

Sobre su generosidad también habló Horacio González (1944), director de la Biblioteca Nacional: "Cuando abría el camino a nuevos autores aducía fines mercantiles, no reconocía sus propias buenas intenciones en ese acto; quería pasar por un negociante aunque en el fondo fuera un romántico", señaló, y destacó al autor como "un núcleo fundamental de la literatura argentina de los últimos treinta años, con una poesía brillante que subyace en toda su obra".

Juan Terranova (1975), novelista, definió al autor de Muchacha punk como "un disidente": "Aunque en los últimos años ya no ocupaba ese lugar, Fogwill era una de las voces de la disidencia, que ahora se apaga, y eso nunca es bueno; pero a la vez creo que se va a valorar mucho su obra a partir de ahora y se reflotarán textos que no estaban al alcance de la mano.

Cuando desaparezca la polémica que creaba constantemente se hará foco en su producción y no en sus dichos, que muchas veces generaban rechazo".

La periodista Leila Guerriero (1967) destacó su "inteligencia alienígena" y su "gran ojo lector, que le permitía descubrir nuevos autores jóvenes, por estar en pleno contacto hasta con las editoriales más pequeñas, todo el tiempo".

Llegaron varios colegas y amigos más, durante la tarde de ayer, a la Biblioteca Nacional: Alan Pauls, Fabián Casas y Daniel Link, entre otros. Todos ellos se alternaron entre la sala, la galería de entrada a ese sector y varias mesas que se fueron ocupando en la confitería de la Plaza del Lector, a metros de allí.

Sobre Fogwill se escuchó de todo: que reclamaba la presencia y el afecto constante de sus amigos, que era arbitrario, que en el último tiempo se enojaba mucho, que había cosas que no le importaban en absoluto, como la salud, y cosas sobre las que era un fundamentalista, como la paternidad y la literatura. Y que bajaba línea para ponerse a trabajar, contó Ríos: "Hace dos semanas, Quique hizo una ronda de llamadas, no para despedirse sino para darnos ideas, enfoques, datos, para empezar a hacer nuevos libros".

La voz de Fogwill, polémica, fuerte, irónica, controvertida, no está más. No lloremos (mucho): queda su obra y toda una nueva generación de autores que él ayudó a gestar.

source: www.revistaenie.clarin.com/notas/2010/08/23/_-02207480.htm

dès que j'aurais le temps je traduirais l'article. merci à vous de le comprendre



La Mala Espera

La Mala Espera
Lujan Marcelo (Auteur)








Editeur : Alvik
Collection : MOISS ROUGE

Bientôt disponible


Par larouge • Fogwill • Lundi 23/08/2010 • 0 commentaires • Version imprimable

Par larouge • Lujan Marcelo • Dimanche 15/08/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
Les sept fous

Les sept fous
Roberto Arlt (Auteur), Julio Cortazar (Préface), Isabelle Berman (Traduction), Antoine Berman (Traduction)








Broché: 370 pages
Editeur : Belfond (12 août 2010)
Collection : ROMAN



La redécouverte d'une figure hautement polémique des Lettres argentines. Dans le Buenos Aires des années 1930, le destin d'un homme qui, confronté à l'humiliation, la violence et la misère, cherche une échappatoire dans le rêve et la folie. Portée par une écriture en uppercut, une oeuvre-culte, saluée par Cortazar et Onetti. Employé à la Compagnie sucrière, Erdosain a pris l'habitude de puiser dans la caisse. Dénoncé, il est sommé de rembourser six cents pesos et sept centimes, et découvre le même jour que sa femme le quitte. Aux abois, il part trouver l'Astrologue, un être aussi mégalo que délirant, qui a pour projet de fonder une société secrète financée par les revenus d'une chaîne de maisons closes. Avec lui, un maquereau mélancolique, un rentier pervers, un pharmacien mystique, un aventurier chercheur d'or, un officier corrompu, un tueur illuminé : sept fous lancés dans une entreprise abracadabrante, sept fous lâchés au coeur des bas-fonds de la ville. Et Erdosain, en quête d'une raison d'exister, d'un Dieu qui toujours se dérobe.



Marcelo Lujan







Marcelo Luján nació en Buenos Aires, Argentina, en junio 1973.
Ha publicado Flores para Irene (2004), En algún cielo (2007), El desvío (2007),
La mala espera (2009) y Arder en el invierno (2010), además de una docena de
cuentos en antologías de varios países. Parte de su obra ha sido seleccionada en
campañas de fomento a la lectura, traducida a otras lenguas, y distinguida con los
premios Santa Cruz de Tenerife, Ciudad de Alcalá de Narrativa, Kutxa Ciudad de
San Sebastián de Cuento en Castellano y Ciudad de Getafe de Novela Negra.
Entre otros galardones obtuvo la Segunda Mención en el Premio Clarín de Novela 2005.
Vive en Madrid desde principios de 2001.

Par larouge • Arlt Roberto • Dimanche 15/08/2010 • 0 commentaires • Version imprimable

Par larouge • Lujan Marcelo • Dimanche 15/08/2010 • 0 commentaires • Version imprimable
Crépuscule d'automne

Crépuscule d'automne [Broché]

Julio Cortazar (Auteur)









Broché: 343 pages

Editeur : José Corti Editions (6 mai 2010)

Collection : Ibériques (Poesie)



Présentation de l'éditeur
Je ne sais pas ce qui rend un livre inoubliable mais je sais que, depuis que je découvris Salvo el crepúsculo, dans la première édition mexicaine, je n'ai jamais pu l'oublier. C'était en 1984, année de la mort de Cortázar. Une nouvelle édition est sortie récemment aux éditions Alfaguara, elle inclut de légères retouches faites par l'auteur sur des épreuves retrouvées. Mais il n'a rien supprimé, ni changé, ni désavoué de cet ensemble de textes d'époques diverses de sa vie, choisis et spécialement réunis par ses soins. De quelle manière ce livre est arrivé entre mes mains, je ne saurais le dire. J'en suis tombée amoureuse et ensuite il s'est de lui-même enraciné dans mon souvenir. Car peu de temps après, je me suis mise sans succès à le chercher sur mes étagères. Depuis lors, à intervalles réguliers, je n'ai pas cessé d'essayer de le retrouver en vain. Il me semblait impossible de l'avoir perdu ou prêté à quelqu'un ; il avait disparu et je ne me consolais pas. Il m'était cher, il enfermait une signification particulière, une musique, une indépendance, une nostalgie qui trouvaient en moi une résonance pleine. Après qu'il eut publié Rayuela (Marelle) en Argentine, Cortázar adressa une lettre à son ami Fredi Guthman, où il dit : "Maintenant les philologues, les rhétoriciens, les versés en classifications et en expertises se déchaîneront, mais nous sommes de l'autre côté, dans ce territoire libre et sauvage et délicat où la poésie est possible et arrive jusqu'à nous comme une flèche d'abeilles...".

lire la suite ici

source : www.jose-corti.fr/titresiberiques/crepuscule_cortazar.html





Crépuscule d'automne



L’interrogateur

Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges,
je veux savoir où se retrouvent les hirondelles mortes,
où vont les boîtes d’allumettes usées.
Aussi grand que soit le monde
il y a les ongles à couper, les effiloches,
les enveloppes fatiguées, les cils qui tombent.
Où vont les brumes, le dépôt du café,
les almanachs d’un autre temps ?


Je questionne sur le vide qui nous anime ;
je présume que dans ces cimetières
la peur pousse peu à peu
et que c’est là où couve le Rokh.






Immergez-vous immédiatement : « Emportez ces yeux, pierreries de couleurs/ ce nez de totem, ces lèvres qui connaissent/ les tables de multiplication et les poésies les plus sélectes./ Je vous donne le visage entier avec la langue et les cheveux/ je m’enlève les ongles et les dents et je complète le poids./ Elle ne sert pas/ cette manière de sentir./ Ni la mémoire, ce repas réchauffé/ ni l’attention, comme une pe- tite perruche pernicieuse. »

Lire la poésie de Julio Cortàzar, c’est apprendre à taper du talon pour transformer l’observation désabusée en ivresse de l’espérance. Testament hétéroclite, couturé de douleurs et de joies, ce Crépuscule d’automne a été assemblé par l’auteur à la fin de sa vie, avant qu’une leucémie ne l’emporte à Paris, énième terre d’exil, en 1984. Une nostalgie qui va de l’avant, solaire et mordante, illumine ces écrits sur l’amour, composés à différentes étapes d’une existence aussi exaltée qu’insoumise. Cortàzar aime l’Argentine, son pays natal (« Airs du Sud, flagellation chargée de sable/d’oiseaux en morceaux et de fourmis,/ dents de l’ouragan couché sur la plaine/ où les hommes à plat ventre sentent passer la mort ») et les femmes («Nous resterons seuls mon oreiller et mon silence/ et la fenêtre regardera inutilement /les bateaux et les ponts qui enfilent leurs aiguilles. Je dirai : Il est déjà tard./ Je n’auraipas de réponse de mes gants ni du peigne,/ seu- lement ton odeur, ton parfum oublié/ comme une lettre laissée au verso de la table »). Remarquablement traduite par Silvia Baron Supervielle, cette poésie frappe par sa musicalité heurtée, exsangue et soudain primesautière. La noirceur n’y est qu’un refuge provisoire, pour mieux lézarder ensuite dans la lumière et sentir la douce cha- leur de l’indépendance, « ce territoire libre et sauvage et délicat où la poésie est possible et arrive jusqu’à nous comme une flèche d’abeilles... »

Marine Landrot, Télérama, 12 au 18 juin 2010


Le chant du signe

Il mourut l’année où est paru ce livre (1984), livre ultime s’il en est, tant est vrai que Julio Cortázar y a travail comme on le fait (imaginons) avec un testament, avec soin, tension et recul extrêmes. Volume étonnant, entonnoir du passé et du présent, il regroupe des textes — « des péomes et des prosemes » ou encore des « méopes » – inédits (sauf revues), ou bien ayant fait l’objet d’une édition par l’auteur artisanale et ludique « connue de rares souris ». Ces « papiers accumulés au long de quatre décades quatre » (i.e. 44 ans ?), seul le principe de la liberté créatrice les réunit ; liberté (maître mot) qui abandonne orgueil, coquetterie ou faux-semblants, qui ignore la provocation et se consacre à une recherche, que l’on sent tantôt tranquille tantôt fébrile, d’une vue d’ensemble sur soi. Recherche qui n’allait pas de soi : « je me rapproche doucement de ce livre maudit, je tente un ordre, des séquences, je mêle et démêle, merde ». L’un des plus grands écrivains américo-latins n’a certes plus rien à prouver ; son talent ( romancier, conteur et nouvelliste Marelle, Les Gagnants, Armes secrètes, Histoires des cronopes et fameux. Livre de Manuel et tant d’autres – est reconnu dans le monde entier. D’emblée il affirme son refus de la méthode, et celui du discours (logos) « Discours de la non-méthode, méthode du non-discours, et ainsi va-t-on. / Le mieux ne pas commencer : s’approcher par où l’on peut. Aucune chronologie, la carte est si brouillée que ça n’en vaut pas la peine ». Absence de structure donc, progression imprévue et sensitive, érotique presque, exploitant la « légère sensualité d’une combinatoire qui mime les jeux de l’amour ».

Car le livre – on n’en attendait pas moins de l’auteur de Marelle – se prend lui-même pour sujet, non pas pour entraîner le lecteur dans des fatigantes mises en abyme, mais pour donner à voir le processus qui le fait exister. « Organiser ce livre, comme déjà quelques autres, continue à être pour moi une opération aléatoire qui bouge ma main comme la baguette du noisetier bouge celle du radiesthésiste ». Que le processus soit non moins important que son résultat, le lecteur le perçoit rapidement, à travers ce désir – humble – de parvenir à une synthèse neuve, à une compréhension autre, de l’homme que fut l’auteur de ces différents textes : « je cherche une écologie poétique, me guetter et parfois me reconnaître à partir de mondes distincts ». La vérité est cependant non pas à trouver, mais à forger ; celui qui n’a eu de cesse d’annuler la rupture entre la logique et l’absurde, et de confectionner des mondes aussi réalistes qu’imaginaires, ne surprend guère de faire sien ce propos de Clarice Lispector : « Je ne veux pas la terrible limitation de celui qui ne vit que de ce qui est capable d’avoir un sens. Moi non : je veux une vérité inventée ».

La maïeutique de cette vérité-là se joue surtout à la faveur de l’hétéroclite, dans l’(in)esthétique de superpositions de genres, thèmes et poétiques. Les textes étant eux-mêmes investis d’une énergie propre : « je vis des choses s’écrire, où des textes assez obscurs se frayaient un passage qu’on le veuille ou pas, et il fallait les laisser », les intégrer dans un tout hétérogène, éclaté, au mépris de chronologies ou de taxinomies, en accroît le force interne, et laisse une chance d’inventer, par court-circuit, une fulgurance nouvelle. Rien de mystique là-dedans, « Il n’y a aucun risque de solennité en tout cela ». Ceux qui ont lu Cortázar savent combien le pathos lui est étranger tout comme une fétichisation de la littérature. Seulement, cet homme a beaucoup vécu, entre un départ définitif du père sorti chercher les cigarettes, l’insoumission au régime péroniste de l’instituteur dans la pampa qu’il fut, l’exil à Paris, rengagement en faveur de la révolution cubaine ; puis les amours nombreuses et houleuses, solitudes, lectures compulsives, nuits de fêtes interdites... Si bien qu’une seule synthèse qu’on puisse espérer serait, précisément, de juxtaposer, faire jouer ensemble, ces éléments disparates – « mousse, cloche, diaspora, / palingénésie, fougère, // ça et la confiture de calebasse, / le bandonéon de Troilo... » – faisant fi de principes de contraires ou d’analogie. Dans « Constatations sur le che- min », empreint d’un esprit bouddhiste dont il fut connaisseur, Cortázar fait ce vœu : « Derrière toute tristesse et toute nostalgie, je voudrais que ce même lecteur éprouve l’éclatement de la vie et la gratitude de quelqu’un qui l’a tellement aimée », puis le « sentiment de participation sans lequel je n’aurais jamais rien écrit ».

Autre rempart contre la corrosion du quotidien (« le quotidien, c’est-à-dire ce qui est vomi, ressenti, insupportable à jamais »), le rêve. La dialectique en fil d’Ariane entre la vie diurne et le rêve concourt à l’identité du volume, où régulièrement resurgir le spectre de « quand on noue nos chaussures lustrées ». L’enjeu est de taille : « (…) depuis toujours j’ai su que cette écriture – poèmes, nouvelles, romans – est l’unique fixation qui m’est donnée pour ne pas me disoudre dans cet homme qui boit son café du matin et sort dans la rue pour commencer un nouveau jour » ... mais loin d’être remporté, 150 pages plus tard « je crois que je suis ce monsieur qui sort / tous les jours à neuf heures ». Et tombe la question lancinante, perplexe : « Quand, ma vie, mais quand » ?

La révolte en effet, élément essentiel de la création cortazarienne, en tant que leitmotiv mais aussi en tant que valeur et mobile que doit servir la littérature, est une constante dans Crépuscule d’automne. N’être pas soumis, à l’ordre social : « Pleure ta nomination ou ton diplôme / (...) qui dans la plaine la plus immense I te clouèrent dans un petit terrain duquel tu t’acquittais / par versements trimestriels ». Au formatage maternel : « Ah, retrouver ma mère/ et lui arracher les yeux » (la représentation de la mère, c’est peu dire, échappe à la litote). Au confort repu et routinier de l’establishment littéraire de Buenos Aires : « de toute évidence, je suis tombé dans le piège, et de quelle façon, mais (…) j’ai essayé de m’en sortir à tâtons à partir de poèmes, de nouvelles, d’exil ». À la morale bourgeoise, en amant infati- gable et désillusionné qu’il était : « Ce qu’on appelle polygamie et qui n’est / que la peur de perdre tant de fenêtres / sur tant de paysages, et l’espérance / d’un horizon complet ». Au dictat du bon parler à travers la « parole distraite », le « babélisme » (mélange de langues), ou encore « de longs discours (...) parfaitement absurdes pour une réjouissance presque exclusive ». Aux modes littéraires enfin, en pratiquant allégrement le (mauvais sonnet), « uchronique » plutôt qu’anachorinique, venant d’un « temps où l’abstraction et la forme suffisaient au bonheur » mais surtout lyrique à souhait, et tout d’azurs de mer, de roses rouges, d’airs odorants fleuri.

Le plus étonnant, peut-être, est de découvrir que Cortázar se considérait absolument comme poète, et cette vocation reste le nerf du livre : « l’espoir de perpé- tuer une fleur ou une abeille dans la colonne transparente en plexiglas du sonnet ». Certes, on y trouve de brèves proses magnifiques, serrées mais fluides, porteuses de mondes, qui plient et déplient, telle l’étoffe deleuzienne, des coupes et vues sur le monde, sur les existences : la description d’une fête lesbienne, ou un chapitre non inclus dans le Livre de Manuel sur une prostituée. Mais le volume compte bien davantage de poésies que de proses, dont l’auteur dit sa « certitude que, tels qu’ils étaient, les poèmes gardaient dans leurs petits bocaux de ludions le noyau le plus personnel qu’il ne me serait donné à écrire ». En effet, dans ceux en vers libre, où « Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges, / je veux savoir où se retrouvent les hirondelles / mortes, / où vont les boîtes d’allumettes usées », se lit un brin d’expérience et de vérité : fêtes, drogue et musique, Paris et amour... Tonalité tout autre dans le cycle autour (ou contre) des monuments consacrés (tombes étrusques et romaines, vitraux de Bourges, vase de Vatican), dont le très beau « Notre Dame la nuit », vrai réquisitoire contre les valeurs imposées : elle la « mendiante, chienne grave », lui : « mais je me dresse et me soutiens : / dors, imbroglio de cristal. Je suis ta frontière, tes moignons qui saignent dans les nuages ».

Tant de choses encore à y trouver, des vers sur l’amour et ses visages honteux, sur le temps à qui nous manquons, sur la passion pour les poètes de tous les coins du monde, sur le regard constant pour « Eurydice Argentine »... Cré- puscule, d’automne ?
Marta Krol, Le Matricule des Anges, n° 114, juin 2010




Le hasard fait parfois merveilleusement les choses. Au moment même où paraissent dans la « Bibliothèque de la Pléiade » – après tant de vicissitudes – les deux tomes des œuvres enfin complètes de Borges, voici que s’offre à nous un volume capital, inédit jusqu’ici en français, des poèmes de l’auteur de cette Marelle qui fit fureur dans les années soixante en proposant d’emblée, dès l’avertissement initial, une lecture aléatoire des chapitres de ce volumineux roman.

La poésie, telle que l’entendait Cortázar, entrait déjà pour beaucoup dans pareille tactique. Face à la rigueur impeccable du vieux maître, le nouveau venu entendait occuper une position tout à fait inverse, en se réclamant implicitement du surréalisme et des fécondes libertés de l’imaginaire au sein de la vie même.

« Ne pas commencer, s’approcher par où l’on peut », tel est le conseil qu’il donne ici d’emblée à son lecteur éventuel en un paragraphe lacunaire. Privilégier le vers libre ou le poème en prose, inventer des formes sans s’interdir d’explorer çà et là d’un œil neuf celle, fort ancienne, du sonnet, où Borges justement avait brillé, telle est sa position, où le vivre et écrire s’entremêlent étroitement. « Je n’ai rien contre ma vie diurne » – ajoute plus loin Cortázar – « mais ce n’est pas par elle que j’écris. De très bonne heure, je suis passé de l’écriture à la vie, du rêve à la veille. La vie fait provision de rêves mais les rêves restituent la monnaie de réserve de vie.»

Deux poèmes, dès les premières pages d’époques fort diverses de ce volume, posent de façon déguisée les vœux ou les fondements de ce qu’il entend dire ou ne pas dire, recevoir ou refuser. Le premier, intitulé « À un dieu inconnu », reprend le mythe de la tour de Babel et implore en refrain « Qui que tu sois / ne viens plus ». Il y a maldonne, argumente-t-il, les professeurs férus de rhétorique prétendent « codifier ton éclat de rire en liberté ». Le second, « Pour écouter avec des écouteurs », mêle prose et vers libre en un véritable programme de vie et de création, une invite à se dépasser. Le grand amateur de musique – de toutes les musiques – que fut Cortázar y raconte, avec la verve dont il savait faire preuve, pourquoi ce procédé si répandu l’indisposait tout d’abord (« le simple fait de les adapter à mes oreilles me dérangeait, m’offensait, le câble s’emmêlant aux épaules et aux bras m’empêchant d’aller en quête d’un verre ») puis comment il l’adopte, par égard pour les autres, ce qui engendre une nouvelle forme d’appréhension de la musique dont il analyse les conséquences, à l’instant même où la prose se transmue en vers libres dans son propre texte : « de sorte/que la musique ne vient pas de l’écouteur, elle surgit presque de moi-même, je suis mon auditeur ». Un pas de plus, retour à la prose, et l’idée qu’il se fait de la poésie – la sienne – surgit exprimée avec bonheur : « Comment ne pas penser, par la suite, que d’une certaine manière la poésie est un mot qui s’écoute avec des écouteurs invisibles dès que le poème se met a exercer son sortilège. » Voilà certes une formule essentielle pour comprendre Cortàzar. Nous franchissons les années avec une série de poèmes datés de 1976 à Nairobi (où se tenait la conférence générale de l’Unesco qui l’employait alors comme traducteur). Ce sont souvent des textes empreints d’humour, mais un humour qui ne procède pas cette fois de celui des surréalistes, un humour un peu britannique en quelque sorte, ce qui chez un Argentin est somme toute naturel, l’histoire du pays étant ce qu’elle fut : « Il est incroyable de penser qu’il y a douze ans/ j’en ai eu cinquante ni plus ni moins. Comment pouvais-je être si vieux/ il y a douze ans ? » C’est à cette même époque qu’une soudaine mélancolie de l’exil le pousse à écrire quelques paroles de tangos, dont certains seront mis en musique : « Tu ne m’as même pas laissé/ une clope à l’oreille,/ désormais je ne sers/ qu’à écouter Carole Baker/ entre deux gorgées de gin. » Une mélancolie qui le rapproche un instant de Borges lequel, s’il trouvait les tangos modernes trop vulgaires, n’en appréciait pas moins leur forme primitive, la milonga. Une mélancolie parfois si intense qu’elle s’insi- nue jusque dans les poèmes que Cortàzar regroupe sous le titre Ars amandi :

« Mon exil est moins dur.
Il a des défenses en réserve,
mais quand je te tiens par la main
dans une petite rue de Paris,
je voudrais tant que la promenade s’achève
à l’angle de Montevideo
ou dans ma rue Corrientes. »

Toutefois, comme l’insinuent les deux conseillers imaginaires dont il feint de s’entourer – Calac et Polanco –le goût du jeu reste fondamental chez lui. Encore convient-il d’en trouver la bonne règle qui ne saurait s’accommoder d’une classification par thèmes, genres ou périodes, s’inquiète le poète, qui se méfie de cette manie professorale et s’avise de désigner ses poèmes par des sortes de calembours afin d’échapper à l’esprit de sérieux (mais aussi peut- être de souligner la singularité de son inspiration) : « j’imagine que vers la fin paraîtront des péomes et des prosèmes qui auraient déjà dû figurer dans l’assemblage, mais si ce livre n’est pas plastique il n’est rien ».
Ce qui étonne et séduit cependant le plus dans cet ouvrage hors du commun, c’est l’extraordinaire faculté de Cortàzar à faire siennes les modalités poétiques –forme et ton – les plus diverses de ses prédécesseurs du monde entier, tout en restant finalement lui-même. Il apparaît un peu ici, en ce sens, comme une sorte de Picasso de la poésie, avec ses périodes, ses thèmes multiples, ses distorsions et ses variantes. Tantôt il s’approche de la Grèce avec les modalités de l’école des modernes poètes new-yorkais, tantôt il s’amuse au pastiche d’un sonnet « gothique », tantôt il retrouve les émois érotiques tarifés de l’Aragon du Paysan de Paris, tantôt encore il écrit un « Tombeau de Mallarmé ». Il assume ici avec génie ces multiples influences et reconnaît ouvertement le poids de l’exil : « Bien sûr, comme Orphée, j’aurais à me retourner souvent et à en payer le prix. Je continue à le payer aujourd’hui ; je continue et continuerai à te regarder, Eurydice Argentine. »

Jacques Fressard, Poésie, Quinzaine Littéraire, 16-30 juin 2010.








Julio Cortazar, Crépuscule d'automne
Collection Ibériques,

Traduit par
Silvia Baron Supervielle
352 pages
2010
ISBN : 978-2-7143-1027-9
22 Euros





L’interrogateur

Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges,
je veux savoir où se retrouvent les hirondelles mortes,
où vont les boîtes d’allumettes usées.
Aussi grand que soit le monde
il y a les ongles à couper, les effiloches,
les enveloppes fatiguées, les cils qui tombent.
Où vont les brumes, le dépôt du café,
les almanachs d’un autre temps ?


Je questionne sur le vide qui nous anime ;
je présume que dans ces cimetières
la peur pousse peu à peu
et que c’est là où couve le Rokh.






Immergez-vous immédiatement : « Emportez ces yeux, pierreries de couleurs/ ce nez de totem, ces lèvres qui connaissent/ les tables de multiplication et les poésies les plus sélectes./ Je vous donne le visage entier avec la langue et les cheveux/ je m’enlève les ongles et les dents et je complète le poids./ Elle ne sert pas/ cette manière de sentir./ Ni la mémoire, ce repas réchauffé/ ni l’attention, comme une pe- tite perruche pernicieuse. »

Lire la poésie de Julio Cortàzar, c’est apprendre à taper du talon pour transformer l’observation désabusée en ivresse de l’espérance. Testament hétéroclite, couturé de douleurs et de joies, ce Crépuscule d’automne a été assemblé par l’auteur à la fin de sa vie, avant qu’une leucémie ne l’emporte à Paris, énième terre d’exil, en 1984. Une nostalgie qui va de l’avant, solaire et mordante, illumine ces écrits sur l’amour, composés à différentes étapes d’une existence aussi exaltée qu’insoumise. Cortàzar aime l’Argentine, son pays natal (« Airs du Sud, flagellation chargée de sable/d’oiseaux en morceaux et de fourmis,/ dents de l’ouragan couché sur la plaine/ où les hommes à plat ventre sentent passer la mort ») et les femmes («Nous resterons seuls mon oreiller et mon silence/ et la fenêtre regardera inutilement /les bateaux et les ponts qui enfilent leurs aiguilles. Je dirai : Il est déjà tard./ Je n’auraipas de réponse de mes gants ni du peigne,/ seu- lement ton odeur, ton parfum oublié/ comme une lettre laissée au verso de la table »). Remarquablement traduite par Silvia Baron Supervielle, cette poésie frappe par sa musicalité heurtée, exsangue et soudain primesautière. La noirceur n’y est qu’un refuge provisoire, pour mieux lézarder ensuite dans la lumière et sentir la douce cha- leur de l’indépendance, « ce territoire libre et sauvage et délicat où la poésie est possible et arrive jusqu’à nous comme une flèche d’abeilles... »

Marine Landrot, Télérama, 12 au 18 juin 2010


Le chant du signe

Il mourut l’année où est paru ce livre (1984), livre ultime s’il en est, tant est vrai que Julio Cortázar y a travail comme on le fait (imaginons) avec un testament, avec soin, tension et recul extrêmes. Volume étonnant, entonnoir du passé et du présent, il regroupe des textes — « des péomes et des prosemes » ou encore des « méopes » – inédits (sauf revues), ou bien ayant fait l’objet d’une édition par l’auteur artisanale et ludique « connue de rares souris ». Ces « papiers accumulés au long de quatre décades quatre » (i.e. 44 ans ?), seul le principe de la liberté créatrice les réunit ; liberté (maître mot) qui abandonne orgueil, coquetterie ou faux-semblants, qui ignore la provocation et se consacre à une recherche, que l’on sent tantôt tranquille tantôt fébrile, d’une vue d’ensemble sur soi. Recherche qui n’allait pas de soi : « je me rapproche doucement de ce livre maudit, je tente un ordre, des séquences, je mêle et démêle, merde ». L’un des plus grands écrivains américo-latins n’a certes plus rien à prouver ; son talent ( romancier, conteur et nouvelliste Marelle, Les Gagnants, Armes secrètes, Histoires des cronopes et fameux. Livre de Manuel et tant d’autres – est reconnu dans le monde entier. D’emblée il affirme son refus de la méthode, et celui du discours (logos) « Discours de la non-méthode, méthode du non-discours, et ainsi va-t-on. / Le mieux ne pas commencer : s’approcher par où l’on peut. Aucune chronologie, la carte est si brouillée que ça n’en vaut pas la peine ». Absence de structure donc, progression imprévue et sensitive, érotique presque, exploitant la « légère sensualité d’une combinatoire qui mime les jeux de l’amour ».

Car le livre – on n’en attendait pas moins de l’auteur de Marelle – se prend lui-même pour sujet, non pas pour entraîner le lecteur dans des fatigantes mises en abyme, mais pour donner à voir le processus qui le fait exister. « Organiser ce livre, comme déjà quelques autres, continue à être pour moi une opération aléatoire qui bouge ma main comme la baguette du noisetier bouge celle du radiesthésiste ». Que le processus soit non moins important que son résultat, le lecteur le perçoit rapidement, à travers ce désir – humble – de parvenir à une synthèse neuve, à une compréhension autre, de l’homme que fut l’auteur de ces différents textes : « je cherche une écologie poétique, me guetter et parfois me reconnaître à partir de mondes distincts ». La vérité est cependant non pas à trouver, mais à forger ; celui qui n’a eu de cesse d’annuler la rupture entre la logique et l’absurde, et de confectionner des mondes aussi réalistes qu’imaginaires, ne surprend guère de faire sien ce propos de Clarice Lispector : « Je ne veux pas la terrible limitation de celui qui ne vit que de ce qui est capable d’avoir un sens. Moi non : je veux une vérité inventée ».

La maïeutique de cette vérité-là se joue surtout à la faveur de l’hétéroclite, dans l’(in)esthétique de superpositions de genres, thèmes et poétiques. Les textes étant eux-mêmes investis d’une énergie propre : « je vis des choses s’écrire, où des textes assez obscurs se frayaient un passage qu’on le veuille ou pas, et il fallait les laisser », les intégrer dans un tout hétérogène, éclaté, au mépris de chronologies ou de taxinomies, en accroît le force interne, et laisse une chance d’inventer, par court-circuit, une fulgurance nouvelle. Rien de mystique là-dedans, « Il n’y a aucun risque de solennité en tout cela ». Ceux qui ont lu Cortázar savent combien le pathos lui est étranger tout comme une fétichisation de la littérature. Seulement, cet homme a beaucoup vécu, entre un départ définitif du père sorti chercher les cigarettes, l’insoumission au régime péroniste de l’instituteur dans la pampa qu’il fut, l’exil à Paris, rengagement en faveur de la révolution cubaine ; puis les amours nombreuses et houleuses, solitudes, lectures compulsives, nuits de fêtes interdites... Si bien qu’une seule synthèse qu’on puisse espérer serait, précisément, de juxtaposer, faire jouer ensemble, ces éléments disparates – « mousse, cloche, diaspora, / palingénésie, fougère, // ça et la confiture de calebasse, / le bandonéon de Troilo... » – faisant fi de principes de contraires ou d’analogie. Dans « Constatations sur le che- min », empreint d’un esprit bouddhiste dont il fut connaisseur, Cortázar fait ce vœu : « Derrière toute tristesse et toute nostalgie, je voudrais que ce même lecteur éprouve l’éclatement de la vie et la gratitude de quelqu’un qui l’a tellement aimée », puis le « sentiment de participation sans lequel je n’aurais jamais rien écrit ».

Autre rempart contre la corrosion du quotidien (« le quotidien, c’est-à-dire ce qui est vomi, ressenti, insupportable à jamais »), le rêve. La dialectique en fil d’Ariane entre la vie diurne et le rêve concourt à l’identité du volume, où régulièrement resurgir le spectre de « quand on noue nos chaussures lustrées ». L’enjeu est de taille : « (…) depuis toujours j’ai su que cette écriture – poèmes, nouvelles, romans – est l’unique fixation qui m’est donnée pour ne pas me disoudre dans cet homme qui boit son café du matin et sort dans la rue pour commencer un nouveau jour » ... mais loin d’être remporté, 150 pages plus tard « je crois que je suis ce monsieur qui sort / tous les jours à neuf heures ». Et tombe la question lancinante, perplexe : « Quand, ma vie, mais quand » ?

La révolte en effet, élément essentiel de la création cortazarienne, en tant que leitmotiv mais aussi en tant que valeur et mobile que doit servir la littérature, est une constante dans Crépuscule d’automne. N’être pas soumis, à l’ordre social : « Pleure ta nomination ou ton diplôme / (...) qui dans la plaine la plus immense I te clouèrent dans un petit terrain duquel tu t’acquittais / par versements trimestriels ». Au formatage maternel : « Ah, retrouver ma mère/ et lui arracher les yeux » (la représentation de la mère, c’est peu dire, échappe à la litote). Au confort repu et routinier de l’establishment littéraire de Buenos Aires : « de toute évidence, je suis tombé dans le piège, et de quelle façon, mais (…) j’ai essayé de m’en sortir à tâtons à partir de poèmes, de nouvelles, d’exil ». À la morale bourgeoise, en amant infati- gable et désillusionné qu’il était : « Ce qu’on appelle polygamie et qui n’est / que la peur de perdre tant de fenêtres / sur tant de paysages, et l’espérance / d’un horizon complet ». Au dictat du bon parler à travers la « parole distraite », le « babélisme » (mélange de langues), ou encore « de longs discours (...) parfaitement absurdes pour une réjouissance presque exclusive ». Aux modes littéraires enfin, en pratiquant allégrement le (mauvais sonnet), « uchronique » plutôt qu’anachorinique, venant d’un « temps où l’abstraction et la forme suffisaient au bonheur » mais surtout lyrique à souhait, et tout d’azurs de mer, de roses rouges, d’airs odorants fleuri.

Le plus étonnant, peut-être, est de découvrir que Cortázar se considérait absolument comme poète, et cette vocation reste le nerf du livre : « l’espoir de perpé- tuer une fleur ou une abeille dans la colonne transparente en plexiglas du sonnet ». Certes, on y trouve de brèves proses magnifiques, serrées mais fluides, porteuses de mondes, qui plient et déplient, telle l’étoffe deleuzienne, des coupes et vues sur le monde, sur les existences : la description d’une fête lesbienne, ou un chapitre non inclus dans le Livre de Manuel sur une prostituée. Mais le volume compte bien davantage de poésies que de proses, dont l’auteur dit sa « certitude que, tels qu’ils étaient, les poèmes gardaient dans leurs petits bocaux de ludions le noyau le plus personnel qu’il ne me serait donné à écrire ». En effet, dans ceux en vers libre, où « Je ne questionne pas sur les gloires ni les neiges, / je veux savoir où se retrouvent les hirondelles / mortes, / où vont les boîtes d’allumettes usées », se lit un brin d’expérience et de vérité : fêtes, drogue et musique, Paris et amour... Tonalité tout autre dans le cycle autour (ou contre) des monuments consacrés (tombes étrusques et romaines, vitraux de Bourges, vase de Vatican), dont le très beau « Notre Dame la nuit », vrai réquisitoire contre les valeurs imposées : elle la « mendiante, chienne grave », lui : « mais je me dresse et me soutiens : / dors, imbroglio de cristal. Je suis ta frontière, tes moignons qui saignent dans les nuages ».

Tant de choses encore à y trouver, des vers sur l’amour et ses visages honteux, sur le temps à qui nous manquons, sur la passion pour les poètes de tous les coins du monde, sur le regard constant pour « Eurydice Argentine »... Cré- puscule, d’automne ?
Marta Krol, Le Matricule des Anges, n° 114, juin 2010




Le hasard fait parfois merveilleusement les choses. Au moment même où paraissent dans la « Bibliothèque de la Pléiade » – après tant de vicissitudes – les deux tomes des œuvres enfin complètes de Borges, voici que s’offre à nous un volume capital, inédit jusqu’ici en français, des poèmes de l’auteur de cette Marelle qui fit fureur dans les années soixante en proposant d’emblée, dès l’avertissement initial, une lecture aléatoire des chapitres de ce volumineux roman.

La poésie, telle que l’entendait Cortázar, entrait déjà pour beaucoup dans pareille tactique. Face à la rigueur impeccable du vieux maître, le nouveau venu entendait occuper une position tout à fait inverse, en se réclamant implicitement du surréalisme et des fécondes libertés de l’imaginaire au sein de la vie même.

« Ne pas commencer, s’approcher par où l’on peut », tel est le conseil qu’il donne ici d’emblée à son lecteur éventuel en un paragraphe lacunaire. Privilégier le vers libre ou le poème en prose, inventer des formes sans s’interdir d’explorer çà et là d’un œil neuf celle, fort ancienne, du sonnet, où Borges justement avait brillé, telle est sa position, où le vivre et écrire s’entremêlent étroitement. « Je n’ai rien contre ma vie diurne » – ajoute plus loin Cortázar – « mais ce n’est pas par elle que j’écris. De très bonne heure, je suis passé de l’écriture à la vie, du rêve à la veille. La vie fait provision de rêves mais les rêves restituent la monnaie de réserve de vie.»

Deux poèmes, dès les premières pages d’époques fort diverses de ce volume, posent de façon déguisée les vœux ou les fondements de ce qu’il entend dire ou ne pas dire, recevoir ou refuser. Le premier, intitulé « À un dieu inconnu », reprend le mythe de la tour de Babel et implore en refrain « Qui que tu sois / ne viens plus ». Il y a maldonne, argumente-t-il, les professeurs férus de rhétorique prétendent « codifier ton éclat de rire en liberté ». Le second, « Pour écouter avec des écouteurs », mêle prose et vers libre en un véritable programme de vie et de création, une invite à se dépasser. Le grand amateur de musique – de toutes les musiques – que fut Cortázar y raconte, avec la verve dont il savait faire preuve, pourquoi ce procédé si répandu l’indisposait tout d’abord (« le simple fait de les adapter à mes oreilles me dérangeait, m’offensait, le câble s’emmêlant aux épaules et aux bras m’empêchant d’aller en quête d’un verre ») puis comment il l’adopte, par égard pour les autres, ce qui engendre une nouvelle forme d’appréhension de la musique dont il analyse les conséquences, à l’instant même où la prose se transmue en vers libres dans son propre texte : « de sorte/que la musique ne vient pas de l’écouteur, elle surgit presque de moi-même, je suis mon auditeur ». Un pas de plus, retour à la prose, et l’idée qu’il se fait de la poésie – la sienne – surgit exprimée avec bonheur : « Comment ne pas penser, par la suite, que d’une certaine manière la poésie est un mot qui s’écoute avec des écouteurs invisibles dès que le poème se met a exercer son sortilège. » Voilà certes une formule essentielle pour comprendre Cortàzar. Nous franchissons les années avec une série de poèmes datés de 1976 à Nairobi (où se tenait la conférence générale de l’Unesco qui l’employait alors comme traducteur). Ce sont souvent des textes empreints d’humour, mais un humour qui ne procède pas cette fois de celui des surréalistes, un humour un peu britannique en quelque sorte, ce qui chez un Argentin est somme toute naturel, l’histoire du pays étant ce qu’elle fut : « Il est incroyable de penser qu’il y a douze ans/ j’en ai eu cinquante ni plus ni moins. Comment pouvais-je être si vieux/ il y a douze ans ? » C’est à cette même époque qu’une soudaine mélancolie de l’exil le pousse à écrire quelques paroles de tangos, dont certains seront mis en musique : « Tu ne m’as même pas laissé/ une clope à l’oreille,/ désormais je ne sers/ qu’à écouter Carole Baker/ entre deux gorgées de gin. » Une mélancolie qui le rapproche un instant de Borges lequel, s’il trouvait les tangos modernes trop vulgaires, n’en appréciait pas moins leur forme primitive, la milonga. Une mélancolie parfois si intense qu’elle s’insi- nue jusque dans les poèmes que Cortàzar regroupe sous le titre Ars amandi :

« Mon exil est moins dur.
Il a des défenses en réserve,
mais quand je te tiens par la main
dans une petite rue de Paris,
je voudrais tant que la promenade s’achève
à l’angle de Montevideo
ou dans ma rue Corrientes. »

Toutefois, comme l’insinuent les deux conseillers imaginaires dont il feint de s’entourer – Calac et Polanco –le goût du jeu reste fondamental chez lui. Encore convient-il d’en trouver la bonne règle qui ne saurait s’accommoder d’une classification par thèmes, genres ou périodes, s’inquiète le poète, qui se méfie de cette manie professorale et s’avise de désigner ses poèmes par des sortes de calembours afin d’échapper à l’esprit de sérieux (mais aussi peut- être de souligner la singularité de son inspiration) : « j’imagine que vers la fin paraîtront des péomes et des prosèmes qui auraient déjà dû figurer dans l’assemblage, mais si ce livre n’est pas plastique il n’est rien ».
Ce qui étonne et séduit cependant le plus dans cet ouvrage hors du commun, c’est l’extraordinaire faculté de Cortàzar à faire siennes les modalités poétiques –forme et ton – les plus diverses de ses prédécesseurs du monde entier, tout en restant finalement lui-même. Il apparaît un peu ici, en ce sens, comme une sorte de Picasso de la poésie, avec ses périodes, ses thèmes multiples, ses distorsions et ses variantes. Tantôt il s’approche de la Grèce avec les modalités de l’école des modernes poètes new-yorkais, tantôt il s’amuse au pastiche d’un sonnet « gothique », tantôt il retrouve les émois érotiques tarifés de l’Aragon du Paysan de Paris, tantôt encore il écrit un « Tombeau de Mallarmé ». Il assume ici avec génie ces multiples influences et reconnaît ouvertement le poids de l’exil : « Bien sûr, comme Orphée, j’aurais à me retourner souvent et à en payer le prix. Je continue à le payer aujourd’hui ; je continue et continuerai à te regarder, Eurydice Argentine. »

Jacques Fressard, Poésie, Quinzaine Littéraire, 16-30 juin 2010.








Julio Cortazar, Crépuscule d'automne
Collection Ibériques,

Traduit par
Silvia Baron Supervielle
352 pages
2010
ISBN : 978-2-7143-1027-9
22 Euros



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