VI- L’insularité de Mayotte (Christophe Boubal)
De par sa position géographique et de son histoire Mayotte fut en contact avec le monde musulman et malgache ainsi qu’avec les autres îles des Comores. Cette ouverture fut maintenue avec le choix de rester française.
En fait c’est dans les mentalités que l’insularité à Mayotte est la plus marquée.
L’insularité de Mayotte est vaincue par son aéroport « international » desservi par plusieurs compagnies aériennes (Air Austral, Air Madagascar, Air Kenya, Air Comore, Corse Air) qui la met en contact avec le reste du monde même si le coût élevé des billets nuit aux déplacements de la population mahoraise .
Le port de Longoni permet aussi à Mayotte d’être relié au reste du monde afin d’y importer les marchandises dont l’île a besoin. Etant non autosuffisante dans les tous les domaines l’île a l’obligation de dépasser son insularité si elle veut avoir accès aux produits de la modernité et nourrir sa population.
De la région la plus proche,les Comores, Mayotte n’a que peu d’échanges commerciaux, parce que ses voisines ont peu de choses à lui apporter ( mais aussi pour des raisons sanitaires). Par contre au niveau des populations, les échanges sont intenses et liées aux migrations clandestines des Anjouanais. Ces derniers malgré les liens qui les relient aux Mahorais sont rejetés par la population mahoraise qui développe vis à vis d’eux un fort sentiment xénophobe. Ils nient les liens les attachant aux autres îles comoriennes surtout avec Anjouan.
L’insularité de Mayotte se définit là, par sa volonté de ne pas se reconnaître ni comorienne ni africaine. Avec l’Afrique les échanges se limitent au strict minimum avec l’importation par les groupes de distribution alimentaire de quelques produits agricoles (Kenya).
C’est avec la métropole que Mayotte rompt son insularité. Elle en reçoit d’importantes aides financières , un flot de fonctionnaires et la majorité de ses touristes qui viennent voir leurs parents ou amis nommés dans l’île ainsi que les Réunionnais. Toutefois ce flux ne se fait essentiellement que dans un sens, les mahorais sont peu nombreux à se rendre en France pour leur étude ou pour le travail. Ils préfèrent pour cela se rendre d’abord à la Réunion.
Avec le reste du monde les échanges se font pour des marchandises comme les produits alimentaires dont raffolent les mahorais à savoir le poulet, le bœuf en provenance du Brésil, le riz d’Asie tandis que les produits manufacturés à bas coût venant de Chine inondent l’île.
L’insularité de Mayotte ne pourra « disparaître » que le jour où elle acceptera son environnement proche.
III) INDICES D’ISOLEMENT[1] (par Augustin Derupti)
Île de Pâques : 172
Galapagos: 158.1
Cuba: 132.1
Porto Rico: 127.2
République Dominicaine: 126.2
Mayotte: 125
Canaries: 75.3
Baleares: 37
IX) DIAGRAMMES INTERÎLES, cours de technologie de Mr Cousin, (avec le soutien logistique de Nicolas d’Aurizio…)
Comparaison des populations et superficies des îles .
>
Ile
Superficie
Population
Densité
>
en km²
en nombre d'habitant
en hab/km²
>
Baléares
4992
916 968
>
Canaries
7445
1 915 540
>
Cuba
100860
11 184 023
>
Dominique
48730
9 183 384
>
Porto Rico
9104
3 916 632
>
Pâques
163
3 000
>
Galapagos
8000
18 000
��
>
Mayotte
374
201 234
Question 1 :
(une densité de population se calcule en divisant le nombre d'habitant par la superficie !)
Calculer dans la colonne D la densité (en habitant par km²) de chacune de ces 8 îles .
>
Question 2 :
(on mettra les pays en abscisse)
>
Tracer un diagramme en barres permettant de comparer la superficie de ces 8 îles .
>
Interprétation :
>
Question 3 :
(à faire sur une deuxième feuille -onglet en bas de page)
>
Représenter en diagramme circulaire les populations de ces 8 îles .
>
Interprétation :
>
Question 4 :
(à faire sur une troisième feuille -onglet en bas de page)
>
>
Tracer un diagramme en barres 3D permettant de comparer la densité de population de chacune de ces 8 îles .
Interprétation :
XI) CONCLUSIONS
Ce projet sur l’insularité touche à sa fin, contre vents et marées: barrages routiers, grèves, inerties diverses, désintérêt, jalousies, (et même agressivité hélas parfois), nous avons réalisé en partie nos objectifs, et avons passé, entre collègues désireux d’échanges et avec les élèves, de purs moments de bonheur, malgré l’angoisse finale de l’édition et des multiples corrections de dernière minute…
Il faudrait à présent reprendre toutes ces fiches d’insularité bilingues et celle de Mayotte, afin de mieux cerner les difficultés de cette île à sortir de son isolement, en comparant ses atouts à ceux des autres îles. En tout cas, et tel était l’un des objectifs, les élèves auront pu constater que des îles encore plus isolées s’en sortaient. On ne peut évidemment transporter les Moais à Mayotte, nous n’avons pas la richesse endémique des Galapagos, cependant cet axe, avec les espèces autochtones de la brousse et du lagon pourrait être plus largement exploité dans les projets touristiques.
L’écotourisme est en effet un axe à développer, mais il faudrait aussi en finir avec les différentes entraves aériennes et maritimes, qui accentuent son isolement, si l’arrivée de Corsair peut être accueillie comme un signe d’espoir, les récentes pénuries du mois d’avril[2] n’incitent pas à l’enthousiasme, pas plus que la hausse soudaine des produits laitiers en mars[3].
Mais qu’importent nos petites angoisses d’exotes, le mahorais surtout doit briser les chaînes de son isolement, la continuité territoriale pourrait être une ébauche de solution, encore ne faudrait-il pas gâcher les deniers publics dans des prébendes honteuses aux membres du Conseil Général[4].
Les mahorais « tiraillés entre le confort d’habitudes communautaires ritualisées depuis toujours dans cet espace clos « amniotique » que représente l’île, et un modèle de développement économique importé de France via La Réunion[5].», sont « condamnés » à la transculturation, à la création d’une réalité nouvelle, métisse, à partir d’échanges entre les deux communautés, en se débarrassant de quelques éléments archaïques, en acceptant une certaine déculturation, ils auront l’immense bonheur de se renouveler dans la néoculturation franco-mahoraise…
Quant à ses relations tendues[6] avec ses voisins et frères comoriens, voilà bien le problème le plus épineux, les mahorais mettront moins de temps à devenir des citoyens français, des métis culturels, qu’à se réconcilier avec leurs voisins insulaires comoriens. C‘est pourtant bien à partir d’un espace régional de libre échange de biens, d’idées et de personnes, que Mayotte sortira de son insularité. De plus, si elle ne veut pas voir ses côtes submergées de kwassa kwassa, elle se doit, et par derrière elle, la France, de prôner une véritable réconciliation, une politique de développement basée sur la coopération régionale[7], au lieu du tout répressif que nous vivons actuellement…
Eric Courthès
Compilateur,
13 mai 2007
[1] Voir le mode de calcul à la note 35, p. 44
[2] « Nous nous apprêtons à vivre 15 jours avec un risque de pénurie de viandes et de poulets congelés, de crémerie ( beurre, yaourts, fromages importés). C’est dû à un nouveau système dans la gestion de la desserte de Mayotte par bateaux. Dorénavant, un seul navire, le MSC Ingenuity, dessert Mayotte, une fois tous les 15 jours. Trop petit pour tout charger, beaucoup de conteneurs frigorifiques restent à quai à Port Louis. », Mayotte Hebdo, n° 331, vendredi 27 mars 2007, p. 4.
[3] Celle-ci serait due à la suppression par le Ministère de l’Outremer d’une subvention, permettant de compenser le coût du transport prohibitif jusqu’à Mayotte, via La Réunion.
[4] « Priorité aux privilégiés », Kaskasi, 63, « FQS, Faut que ça sorte », mai 2007, p. 8, selon cet article, qui n’engage que son auteur, les élus du Conseil Général auraient accordé 150 000 euros de subvention à l’amicale du personnel, alors que le montant total des subventions accordées au secteur associatif, pour 83 associations, est de 500 000 euros….
[5] « L’importance psychologique du banga », Régis Airault, Le Mawana, jeudi 10 mai 2007, pp. 8-10.
[6] Le récent changement de préfixe téléphonique, nous sommes en effet passés du 02 69 propre aux Comores, au 02 62 propre à La Réunion, et la légitime*a plainte de l’Etat comorien contre l’Etat Français, auprès de l’Union Internationale des Télécommunications, est une illustration supplémentaire de l’insularité croissante de Mayotte par rapport aux Comores : « Bon an mal an, l’île au lagon consolide la bulle qui la coupe de son environnement direct et le cordon ombilical tout neuf qui la relie à la mère patrie française via La Réunion. Et même lorque qu’il s’agit de s’ouvrir sur la région ; le discours dominant tend à situer l’île dans un Océan Indien aux repères géographiques plus ou moins précis, effaçant toute idée de lien particulier avec les Comores. Il suffit de lire les journaux, les prospectus et même les manuels scolaires pour s’en persuader. Combien de cartes de la zone déforment-elles les distances de l’archipel, groupant les trois îles indépendantes et plaçant Maoré à l’écart, comme si elle ne faisait pas partie intégrante de cet espace géographique ? », Kashkazi 63, mai 2007, p. 11, « L’affaire du 269, ou comment se pourrir la vie », par Lisa Giachino.
*a :A cause de ce changement, le prix des communications depuis les Comores, aurait plus que doublé, toujours selon Lisa Giachino…
[7] La forte densité de Mayotte, 538 habitants au km2, voir « diagrammes interîles » en X, p. 93, sert à cautionner cette politique d’immigration désastreuse, mais au lieu de laisser les Comores se vider de leurs habitants, pour atteindre un paradis mahorais surpeuplé, qui est en fait un leurre, ne pourrait-on pas les aider à rétablir la stabilité politique menacée en ce moment et investir dans le domaine de la coopération régionale chez eux ? Tout le monde serait gagnant…
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